dimanche 16 mars 2008

Now Ruz...

Voilà on s’approche du jour de Now Ruz...finalement une ou deux semaines de vacances.

D’abord il y a chaharshanbé souri (le truc du feu, je vous en ai parlé avant), d’origine zoroastrienne etc. etc. c’est ce mercredi soir. De ce qu’on m’a dit à Téhéran, où je suis, ceci se rapproche de la guerre civile. Bien bien… je suis curieux…

Puis Now Ruz, le 20 mars jeudi, nouvelle année… Je pourrais vous dire qque chose sur la tradition. Ainsi dans la rue on voit plein de petits poissons rouge (dans un bocal généralement ;-)). En fait les Iraniens en achètent un pcq il doit être sur la table le jour de Now Ruz : tradition, bonheur,... Par contre s’il meurt avant l’arrivée de la nouvelle année…mauvais signe, tant pour le poisson que pour la nouvelle année.

Petite anecdote: on te dira svt que "ce genre de poisson ne vit pas longtemps" Au début je trouvais cela bizarre...pcq un poisson qui ne vit meme pas deux semaines... Depuis hier j'ai compris: une vingtaine de personnes m'ont expliqué qu'ils ne donnent pas de nourriture "particulière" au poisson, mais qu'il est important de changer l'eau régulièrement...pcq un poisson "mange de l'eau"... :-S Tu m'étonnes qu'après "ce genre de poisson ne vit pas longtemps." Now Ruz c'est aussi le massacre des poissons rouges!!! ;-)

Sinon on prépare une table avec « 7 s ». En gros on y met 7 choses dont le nom commence avec un S. de la nourriture surtout, mais aussi une vieille pièce de monnaie (avant c'était "7 sh", dont faisait partie le vin (sharop), mais depuis l'islam on a pris 7 s... pas de vin). A part la « tradition » de voyager, il y a la tradition d’aller voir des amis et potes et la famille… de la visite en continuation, assez sociable. Puis n’oublions pas le shopping… c’est vraiment l’ambiance de fin d’année..

Ah j’oubliais, la ville d’Esfahan a fait qque chose de spécial. Vu qu’elle se rend compte de combien la ville attirera de touristes de toutes les parties de l’Iran dans les semaines à venir, elle a pendant qque temps bloqué l’eau de la rivière (2e photo). Pour ensuite la laisser couler… ce qui fait que l’eau abonde et qu’on a vraiment l’impression d’assister à l’arrivée de la fraicheur du printemps (1e photo). Malins les gamins…

















Comme je vous avais dit auparavant : mon Daftar-e benalmellal m’a filé un peu plus d’une semaine de congé et j’en profite pour voyager avec mes amis du nord de Téhéran. Je n’aurai probablement pas trop accès à internet… et probablement encore moins envie de m’en occuper donc je me permets de vous demander qques jours de vacances (mon blog m’a demandé des vcs aussi…) ! De toute façon j’ai publié pas mal de choses ces derniers jours, je ne sais pas si vous avez eu le temps de tout tout lire… ou de regarder les photos :-D

Donc on s’entend d’ici une dizaine de jours … disons le 30 mars au plus tard ?

Bonne Année!!!

Ah…pour les cathos d’entre vous : Joyeux Pâques!!!!

samedi 15 mars 2008

Islam et Marxisme?

« Ca fait maintenant deux ans que j’ai quitté la maison, que je vis dans la clandestinité et que j’ai perdu tout contact avec toi. A cause de mon profond respect pour toi et à cause des nombreuses années qu’on a passé en combattant ensemble l’impérialisme et la réaction, je ressens le besoin de t’expliquer pourquoi moi et ma famille adoptée ont décidé d’effectuer des changements majeurs dans notre organisation.

Dés mes premiers jours à tes côtés, j’ai appris comment haïr ce régime sanguinaire et tyrannique. J’ai toujours exprimé ma haine par la religion, par les enseignements militants de Mohammad, d’Ali et de Hussayn. J’ai toujours respecté l’Islam comme l’expression des masses laborieuses combattant l’oppression. Cependant, dans les deux années précédentes, j’ai commencé à étudier le Marxisme.

Avant je pensais que des intellectuels militants pouvaient détruire le régime. Maintenant je suis convaincu qu’il faut se tourner vers la classe ouvrière. Mais pour organiser la classe ouvrière, il faut rejeter l’Islam, car la religion refuse d’accepter la force dynamique principale de l’histoire, à savoir la lutte des classes. Bien sûr, l’Islam peut jouer un rôle progressiste, particulièrement dans la mobilisation de l’intelligentsia contre l’impérialisme. Mais c’est uniquement le Marxisme qui fournit une analyse scientifique de la société et se tourne vers les classes exploitées pour la libération.

Avant je pensais que ceux croyant dans le matérialisme historique ne pouvaient pas possiblement faire le sacrifice suprême vu qu’ils n’avaient pas de foi dans la vie après la mort. Maintenant je sais que le sacrifice suprême que quelqu’un peut faire est de mourir pour la libération de la classe ouvrière. »

Cette lettre a été écrite en 1975-76 par le fils de l’ayatollah Taleghani. Elle montre le vif débat au sein des familles iraniennes, même les plus religieuses, à ce moment révolutionnaire. Une autre expression de la complexité iranienne.

L’ayatollah Taleghani est plutôt méconnu en Occident et cela est fort dommage. Depuis la nationalisation du pétrole sous le gouvernement de Mossadegh au début des années ’50 Taleghani s’est battu avec force contre l’oppression du peuple iranien. Il réussissait à exprimer d’une manière simple, compréhensible et cohérente la souffrance du peuple. Avec Ali Chari’ati il incarnait l’ Islam « de gauche ». La société idéale islamique de Chari’ati était… « la société sans classes ». Où a-t-on encore entendu cela ? Encore aujourd’hui Taleghani est connu comme l’ayatollah qui, après la révolution islamique, avertissait le peuple iranien « d’un retour au despotisme ». Nombreux sont ceux qui regrettent sa mort précoce, peu de temps après la révolution.

Ses fils aussi étaient très actifs dans le mouvement anti-shah. Ils étaient impliqués dans les Moudjahidin du Peuple (qui à l’époque était un mouvement important, pas la secte pro-CIA qu’elle est aujourd’hui). Ils pensaient que le chiisme s’oppose naturellement au despotisme, au capitalisme, à l’impérialisme et au cléricalisme conservateur. En 1975 la direction de ce mouvement rejette l’Islam et fonde le mouvement marxiste Paykar. Cette lettre en était la conséquence. Plus qu'autre chose elle démontre la nécessité d’une analyse équilibrée et nuancée des sociétés musulmanes, où les débats sont tout aussi complexes que dans nos sociétés européennes.

vendredi 14 mars 2008

La femme de ma vie...


Alors je vous rassure tt de suite… il n’y a pas de rapport entre la photo et ce message… Seulement, mon ami a insisté pour que je mette cette photo sur mon blog…dc voilà :-)

Bon l’autre jour j’ai entendu qu’un bon pote à moi a décidé de se marier. Je suis évidemment très triste pour lui. Ce n’est jamais drôle de voir qqu’un ruiner sa vie hihi. Plus sérieusement c’est le deuxième de mes potes les plus proches qui prend cette décision. Cela en combinaison avec les interminables questions sur le mariage ici (Es-tu marié ? Non, pq pas ? Moi j’ai 28 ans et j’ai deux enfants…) m’ont fait réfléchir. Ceux qui me connaissent savent que j’ai longtemps pensé que la seule chose qui rend le mariage préférable à la mort est le divorce ;-)

Mais une vision plus… disons… « équilibrée » du mariage pourrait être la suivante : « quand on trouve la bonne personne…pq pas? ». En effet en Europe et dans les films ont parle souvent de l’amour de sa vie, la femme (l’homme) de sa vie dans un sens romantique : la personne faite pour vous. Je me suis tjs dit : « mais il y en a qu’une ? » Alors comment savoir où elle se trouve ? Pourquoi chercher en Belgique et pas en Argentine ? Et que faire quand on pense avoir trouvé « la fille » en Suède et puis on se rend compte qu’en réalité la femme de sa vie est congolaise ? N’y a-t-il pas plusieurs femmes de ta vie, ne la trouveras-tu pas peu importe où tu habites ?

En réalité ces questions (que l’on se pose généralement après une soirée bien arrosée où l’on a encore failli faire des conneries) naissent d’une conception erronée du mariage. L’expression la « femme de ta vie » n’a à la base rien de romantique, rien à voir avec la femme « faite pour toi ». Elle date de l’époque où l’on était censé avoir et connaître qu’une seule femme pendant toute sa vie. Cette femme était donc forcément « la » femme de sa vie. Idée issue de l’approche religieuse de la vie de famille « la famille comme fondement de la société ». L’amour n’a qu’un rôle très secondaire dans cette approche. Ce qui compte est le matériel (voyez le post « conversations fleuresques » pour un exemple), puis ensuite si possible l’entente. L’amour viendra ou on le fera venir.

Cette idée est ajd encore très présente en Iran (religieusement, moralement), moins en Europe. Il y a différentes raisons pour cela je crois. Premièrement l’aspect économique. Si en Iran une famille (comme une maison et srtt un bon partenaire) garantissent un certain bien-être matériel, en Europe l’indépendance financière et juridique de bcp de femmes a fait que le mariage n’est plus considéré comme une nécessité ou une « garantie ». Deuxièmement il y a le déclin de l’idéologie catholique religieuse qui a pendant des siècles moralement « obligé » les Européens à respecter l’idée de la famille comme fondement de la société. En même temps cela ne veut pas dire que le matériel au sens large (avoirs, éducation, travail, classe sociale,…) ne forme plus un aspect fondamental du mariage même en Europe… Seul ceux enivrés par l’idéologie romantique peuvent le prétendre… ;-) mmm un peu à part ce texte…

jeudi 13 mars 2008

Vote... encore :-)


Allez je vous offre un tit collage de tractes politiques… Mercredi, pendant que j’attendais une amie à la sortie de l’université, je demande un tracte à un jeune propagandiste. Il me le donne avec plaisir et se met à me parler. Si je suis étranger ? Ma langue est-elle comme le persan ? Est-ce que je peux lui écrire qque chose ? (heureusement il oublie « la liste »)

J’en profite pour m’informer un peu. Je lui demande pour quel parti il tracte.

Il me répond « la parti de Khomeini ».

Malheureusement, Khomeini est mort depuis presque 20 ans et n’était membre d’aucun parti. En plus, tous les partis ici se disent « en faveur de la ligne de Khomeini ». Donc sa réponse ne me disait pas grand-chose.

Mais j’insiste et je lui demande : « ah et c’est quoi le programme de votre parti ? » Il me dit de lire le tracte.

Quand je lui demande quelles doivent être les priorités du nouveau parlement, il me dit que je peux trouver toutes les info sur le site web du candidat.

J’essaie une dernière fois avec la question : « Mais pour vous quelles sont les choses les plus importantes que vous voulez voir changer en Iran ? » Il me répond : « ça dépend uniquement de Dieu ».

Ce n’était pas qu’il n’avait pas envie de me répondre, il croyait sincèrement tout ce qu’il me disait. Une confiance énorme (aveugle ?) en Dieu, Khomeini et le monsieur (un religieux) pour lequel il tractait. Un exemple de ce que certains analystes appelleraient « le paternalisme en politique ».

mercredi 12 mars 2008

La Boulangère et La Liste

Ok ok, commençons par la boulangère... ou l'histoire de comment j'obtiens mon pain quotidien :-)

Une boulangerie iranienne est un peu différente des nôtres, on achète le pain à peine sorti du four (encore chaud ) et l’on file l’argent au boulanger. C’est assez directe, rapide et facile. Or, à l’université, les choses se sont récemment un peu compliquées. Ainsi plutôt que de filer l’argent directement au boulanger, il faut d’abord payer son pain à la caisse dans un petit coin sur la gauche. La caissière te donnera ensuite un petit ticket qui te permet de t’approcher du comptoir du boulanger pour lui demander la quantité désirée de pain. Enfin la chose est supposée se dérouler ainsi… quand on est étranger les choses se passent différemment.

Ainsi la caissière comprend rapidement que tu n’es pas comme « les autres » (et que p.ex. tu pourrais lui fournir des cours d’anglais gratuits) donc elle commence à te sourire, puis après qques jours elle te dit bonjour et puis arrive le moment tant craint…Le moment de « la liste ». Si un jour vous venez en Iran, vous remarquerez que tous les Iraniens disposent d’une même liste : « la liste des questions à poser aux étrangers » :-) Je ne sais pas s’il y a un ministère des « questions à poser aux étrangers », mais je commence sérieusement à le penser.

Alors, je vous offre la redoutable liste, que vous entendrez mille et une fois et à laquelle il faut toujours répondre patiemment et avec le sourire (même quand il pleut et que vous êtes trempés et que vos bras ne supportent plus le poids des courses que vous venez de faire) :

1. D’où viens-tu ?
2. Quel âge as-tu ?
3. Es-tu marié ? (si réponse négative : « Pourquoi ? » , si réponse positive : « Tu as des enfants ? »)
4. Qu’est-ce que tu penses de l’Iran ?
5. Qu’est-ce que tu penses des Iraniens ? (si tu es un homme célibataire la question se transforme en : « Qu’est-ce que tu penses des femmes iraniennes ? »
6. Tu préfères l’Europe où l’Iran ? (ou une variante : « Tu préfères les femmes iraniennes ou les femmes européennes »
7. Tu t’appelles comment ? (parfois omis)

Parfois l’on y ajoute des questions facultatives comme « Quelle est ta religion ? » ou « Que penses-tu de la culture iranienne ? » J’ai déjà pensé à préparer une petite liste de réponses. En le photocopiant et le distribuant je pourrais gagner du temps. ;-)

Ma boulangère, qui m’a fait cet interrogatoire en deux fois (et postposé ainsi l’obtention de mon pain quotidien) a eu une réaction intéressante quand je lui demandais à mon tour (après 7 questions de sa part) son nom. Souriante elle m’a fait : « Pourquoi tu me demandes cela ? Pourquoi cela t’intéresse ? Qu’est-ce que tu veux en faire ? ». Or, je vous garantis que j’ai eu du mal à retenir un sourire… avant de ton donner ton pain, on t’interroge comme si t’étais au commissariat accusé d’un meurtre, mais quand tu poses à ton tour une question banale… c’est encore à toi de te justifier… J’adore :-)

J’ai commencé à l’aimer à démesure quand elle m’a réprimandé pcq je ne lui avais « pas encore » apporté un livre de grammaire anglaise :-) Et tout ça pour obtenir mon pain… Mademoiselle Narguesse était-ce un message « satisfaisant » ?

mardi 11 mars 2008

Le système politique local

Vu les élections de vendredi... je vous avais promis un petit truc sur le système politique iranien... Si cela ne vous intéresse pas... tant pis :-D

Une partie du système est assez facile. Il y a des conseils communaux et des maires élus, il y a un parlement élu, un président élu. Un peu comme en France. Puis il y a le Conseil des Gardiens, un organe qui tient le milieu entre une Cour constitutionnelle et un Sénat. C’est une deuxième chambre du Parlement qui discute les lois pour voir si elles sont conformes à l’Islam (plutôt qu’à la constitution). Ce Conseil des Gardiens contrôle aussi les candidatures pour les élections (voir si les candidats n’ont pas de précédents pénaux, respectent les fondements du régime, etc…). Or en cas de conflit entre le Parlement et le Conseil des Gardiens un autre Conseil, le Conseil de « discernement de l’intérêt de l’ordre ». En gros ils interviennent pour éviter une impasse entre les deux organes du pouvoir législatif. Puis ils peuvent décider de dépasser l’Islam si c’est dans l’intérêt du régime (ce qui est drôle pour un régime islamique). Jusqu’ici je crois que l’on peut suivre. Des conseils ou commissions du genre existent plus ou moins dans tous les pays de l’Europe aussi.

A côté de ce système, et maintenant les choses se compliquent, on a un Conseil des Experts, c'est-à-dire des religieux (eux aussi élus), qui doivent choisir le Dirigeant Suprême de la Révolution islamique. Ce dernier peut être considéré comme l’homme le plus puissant du pays. Officiellement sa tâche est de donner une direction à la politique islamique du pays. Un peu comme le roi-philosophe de Platon. En réalité il intervient dans tous les domaines de la politique et contrôle les forces armées. Cette fonction incombe ajd à Khamenei, le successeur de Khomeini (c’est les deux que vous voyez sur la photo du post précédent).

On a donc deux ordres constitutionnels séparés mais complémentaires. Il y a un ordre républicain et un ordre islamique... d'où "république islamique" nom officiel du pays :-)

Et voilà c’était trèèèèèèès en bref mais au moins cela vous donne une idée…

lundi 10 mars 2008

To vote :-)


J’aurais voulu écrire qque chose sur ma boulangère préférée et sur l'amour de ma vie, mais vu que ce vendredi les Iraniens vont voter pour leur nouveau parlement, j’ai décidé que vous devrez attendre un tit peu et avaler deux trois choses sur les élections.

Alors commençons par la campagne électorale. En vertue de la loi, elle a commencé depuis qques jours seulement. Selon le dirigeant suprême, Khamenei, cette règle a pour but d’éviter que les candidats mettent en péril la cohésion de la république islamique avec des polémiques trop acerbes. Afin d’éviter trop de polémiques, le conseil des gardiens (une forme de conseil constitutionnel avec l’islam comme constitution) avait déjà bloqué les candidatures de nombreuses personnes, jugées pas suffisamment islamiques. On a deux types de candidats grosso modo, ceux attachés à un parti et les « indépendants ». Ces derniers valorisent surtout certains aspects de leur personnalité ou de leur histoire (p.ex. qu’ils ont été prisonniers de guerre ou qu’ils ont combattu pour les gardes de la révolution ou encore qu’ils sont médecins ou qu’ils ont obtenu un PhD.) En ce qui concerne le programme, les candidats indépendants mettent souvent plus l’accent sur la nécessité d’avoir un représentant esfahanais au Parlement national pour défendre les besoins et demandes de la ville.

Si la campagne électorale bat son plein avec les candidats tractant un peu partout en ville (aux mosquées, sur le campus de l’univ, dans les centres commerciaux,…), une autre campagne avait déjà commencé bien avant : celle du gouvernement ayant pour but de convaincre les gens d’aller voter. Comme vous voyez sur la photo, cette campagne explique en même temps combien il est important pour le gouvernement (dans la forme de Khamenei), l’islam et le feu dirigeant suprême Khomeini (ou son esprit) d’aller voter. Relisez aussi l’autre post : to vote or not to vote pour comprendre qu’il ne va pas de soi que les gens aient voter. Pourtant le gouvernement fait tout pour.

Ainsi si tu vas voter tu reçois un cachet dans l’équivalent de ta carte d’identité qui indique que tu as été voter. Ce cachet facilite ensuite certaines démarches administratives (obtention de visa, inscription ou…). La participation au vote est donc considérée par le gouvernement comme un signe de soutien au régime. Ce qui est vrai et faux à la fois. Vrai pcq effectivement souvent ceux qui rejettent le régime en bloc n’iront pas voter. Faux pcq il y en a qui n’y vont que pour le cachet. Puis ensuite personne n’a oublié les paroles de Rafsandjani après l’élection du réformateur Khatami en 1997 : "ce vote est un vote contre le régime". Certains disent effectivement qu’un taux de participation élevé en combinaison avec un vote en faveur des réformateurs ne signifie pas un soutien au régime. Pour d’autres au contraire même un vote en faveur des réformateurs exprime un soutien pour le régime en place tout comme le désir de le « réformer ».

Ben voilà… ah oui faudrait encore que je vous dise qque chose sur le système politique ici…ce sera pour mercredi…puis je vous promets avant le nouvel an vous aurez droit à ma boulangère et l'amour ;-)

vendredi 7 mars 2008

Tes premiers mots de persan...

J’en conviens le persan ne semble pas trop abordable à première vue… surtout à cause de l’écriture. Pourtant il s’agit bien d’une langue indo-européenne, dc pas du tout comme l’arabe ou le chinois.

Allez une petite introduction facile au persan. Si un jour vous devez expliquer de quel pays vous venez, prenez le nom de votre pays en français et 9 sur 10 ce sera le même nom en persan. Exemple (j’écris + ou – comme on le prononce) : Norvège, Farance, Belgik, Suède, Japon, Mexik, Argentin, Alleman, Suisse, Otrich, Chin, Danmark, …
Bon si vous êtes originaire d’un pays arabe ou d’un pays de l’Europe de l’Est…ça marche moins, ainsi la Serbie devient Serbistan, l’Egypte Mesr, la Hongie Magarestan et la Pologne Lahestan… je suis curieux d’où cela vient. Par contre l’Arabie saoudite…c’est tout simplement Arabestan, littéralement pays des Arabes. :-)

Mais il est vrai qu’avec tout ça vous ne parlez tjs pas persan…alors apprenons qques mots qui vous seront familiers… Vos premiers mots de persan :

risk, bomb atom, atelier, referendum, protocol, beronz (de bronzer), kontrol, trafik, mersi, traktor, adress, asansor, acid, sechoir, gioumets, virgoul, konkour, villa, douchdar, doktor, doktora, chique, garson (= serveur), hotel, pasteurise, restoran, machine (= voiture), park, parking, euthanasie, sezarin, dekorasion, terminal, kiloumetr, guichet, ciment, radio, telefon, television, thèse, fer (à cheveux), bank, système, régime, bourse, manovre, chance, balkon, otobus, timbre, montage, …

Pourtant…attention ! Parmi ces mots…il y en a un qui est probablement d’origine iranienne… Devinez lequel ?

Il s’agit d’ascenseur. Moi, ethnocentrique comme je suis ;-), j’ai automatiquement pensé qu’il s’agissait d’un mot français importé en Iran et en persan. Il y a par contre une autre possibilité. « Asan » en persan signifie « facile », la deuxième partie du mot peut indiquer un mouvement de descente… Grosso modo on pourrait donc traduire ascenseur en persan par « descente facile », pas loin de la réalité mécanique de cet appareil.

Les linguistes me diront ce qu’il en est, mais comme on dit : nos certitudes sont nos pires ennemis ;-)

Less Serious... More Fun...



Iran Tehran My Love by aminamiens

pcq trop de politique tue la politique

jeudi 6 mars 2008

Spécial: Palestine

Il y a une semaine pour la première fois en 9 mois un citoyen israélien a été tué par un missile provenant de la bande de Gaza. La réaction israélienne est celle que l'on voit mnt à Gaza. Je vous publie des extraits d'un communiqué de presse iranien. Pour Israel la vie d'un Israélien semble valoir plus que la vie de 126 Palestiniens.

Le nombre de victimes des dernières attaques du régime sioniste contre Gaza ‎s'alourdit ‎
Téhéran. Irna. 5 Mars 2008.

Selon des sources hospitalières palestiniennes, le corps d'un Palestinien, au nord de la Bande de ‎Gaza a été découvert mort portant à 126 le nombre de ‎Palestiniens qui sont tombés en martyre, lors des dernières ‎attaques des soldats sionistes contre Gaza.

De son côté, le ministre des Communications du ‎gouvernement du parti de la résistance palestinienne « Hamas », Bassem Naïm, a, récemment, ‎présenté un rapport sur les récents crimes commis par les ‎militaires sionistes, à Gaza, ajoutant que, lors de la vaste ‎offensive de l'armée usurpatrice sioniste contre Gaza, plus de ‎‎120 Palestiniens, dont 39 enfants, 15 femmes et deux ‎secouristes, sont morts en en martyre, tandis que plus de 350 ‎d'entre eux ont été blessés.

"En raison du blocus prolongé ‎de Gaza, par l'armée sioniste, le ministère de la Santé n'a pas ‎accès aux médicaments et aux équipements médicaux ‎nécessaires.", a précisé ce responsable palestinien. ‎ Mahmoud Abbas, a affirmé mercredi que les négociations de paix avec le régime israéliens ne reprendront que lorsqu'un cessez-le-feu sera en vigueur dans la bande de Gaza.

La visite d’une usine

Après-midi intéressante hier. La mari d’une de mes prof est propriétaire d’une usine de produits laitiers (lait, yaourt,…) et on a été invité d’aller voir l’usine. Chose que je ne refuse jamais :-)

Située un peu en dehors de la ville, dans un « village » d’usines du secteur alimentaire (saucisses, …), on y arrive par une route qui donne une vue intéressante sur la centrale nucléaire d’Isfahan. Les photos sont évidemment chose interdite. Vous savez qu’en cas d’attaque israélo-américaine Isfahan et environs seront immédiatement en ligne de mire ? En effet non seulement le réacteur de Natanz se trouve à environ 75km de la ville, en plus Isfahan même possède un réacteur nucléaire. La centrale est bien cachée à l’intérieur d’une montagne et pour garantir sa sécurité elle est entourée d’un système de défense aérien impressionnant. Un de mes accompagnateurs me dit : « ce sera notre réponse aux avions américains ». J’ignore s’il le dit avec fierté ou avec inquiétude.

Mais nous donc voilà à « l’usine de lait » comme l’appelle ma prof. Moyenne entreprise avec une quarantaine d’employés elle voit tout de même passer des tonnes et des tonnes de lait toutes les heures. Le lait qui arrive est d’abord sélectionné et testé chimiquement, ensuite pasteurisé, réchauffé (pour le yaourt), refroidi et mis en emballage. Comme vous verrez sur les photos, les cartons de lait sont cependant absents et généralement remplacés par des « paquets » (style de sachet).Vu l’importance du lait pour la population l’entreprise ne reçoit que la moitié de ses revenus de la vente au public. L’autre moitié du prix est payé par le gouvernement. Une forme de subventions afin de garantir ce produit de base à tous. L’entreprise même arrive tout de même à un taux de profit d’environ 10%. Le propriétaire est évidemment heureux et fier de son usine, quelques ouvriers en profitent pour dire deux trois mots en anglais.

Et vous voilà les photos (je sais que c’était ça qui vous intéressait ;-)) !

mercredi 5 mars 2008

La BBC à Meidun-e Tadjrish...

A l’occasion de la proposition franco-britannique d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, je viens de voir un service de BBC World sur « la vie des Iraniens en Iran ». Le journaliste britannique avait choisi la place Tadjrish à Téhéran pour découvrir ce que pensent « les » Iraniens. Il avait en plus réussi à trouver deux filles iraniennes qui parlaient couramment l’anglais. Je vous reporte ses questions :
« Est-ce que la question nucléaire est importante pour vous ou est-ce que vous vous inquiétez plus de l’augmentation des prix ? »
« Votre gouvernement vous impose le hijab, vous croyez que c’est une bonne chose ou faut-il mieux que l’on vous laisse le choix ? »

Les filles ont répondu d’une manière très diplomatique et, à mon avis, assez persane ; mais plus que leurs réponses c’était intéressant de voir comment la BBC croit expliquer ce qu’est l’Iran. Tout d’abord le journaliste choisit comme location l’un des centres commerciaux les plus chers de l’Iran dans l’extrême nord de Téhéran. C’est une partie très à part de l’Iran, généralement plus riche, souvent plus proche de l’Occident et « moins fervemment en faveur » ;-) du gouvernement iranien. Remarquez que la grande majorité des Iraniens n’a tout simplement pas les moyens d’aller faire ses courses là-bas. Deuxièmement, parmi les clients aisés de ce centre commercial, le journaliste sélectionne deux filles qui parlent couramment l’anglais, pensant qu’elles auront une certaine ouverture envers les points de vue de l’Occident. Puis, troisièmement, il formule ses questions d’une telle manière qu’il est presque sûr d’obtenir les réponses qu’il veut.

Ainsi il ne demande pas « qu’est-ce que vous pensez de la question nucléaire ? » pcq il sait que bcp d’Iraniens ne comprennent pas pourquoi l’Inde, le Pakistan et Israël peuvent avoir une bombe nucléaire, tandis que l’Iran ne peut même pas enrichir de l’uranium à des fins pacifiques. Donc le journaliste suggère déjà qu’il y a qd-même des choses plus importantes. Vrai, mais c’est quoi le rapport entre l’augmentation des prix et le nucléaire ? On peut tt de même s’inquiéter des prix et en même temps défendre les droits légitimes de l’Iran ? Le journaliste ne demande pas non plus « que pensez-vous du voile ? » mais suggère tout de suite la réponse « c’est qd-même pas bien de l’imposer? ».

Or la question fondamentale est celle-ci : veut-on savoir ce que pensent les autres ou veut-on leur faire dire ce qu’on veut entendre ? Le journaliste voulait-il vraiment montrer la réalité ? Alors pourquoi choisir ce quartier si peu représentatif pour le reste du pays ? Pourquoi ne pas se munir d’un traducteur et parler à ceux et celles qui ne parlent pas un mot d’anglais ? Pourquoi ne pas poser de questions « ouvertes » ?

dimanche 2 mars 2008

Alexandre...

Vous vous en souvenez sans doute de vos cours d’histoire, ce personnage glorieux qui conquit le monde à partir de la Macédoine. De la Macédoine, il arriva jusqu’en Inde. Ses exploits lui valent encore ajd le titre d’Alexandre « le Grand ». L’admiration que mon prof d’histoire avait pour lui ressemblait un peu à la fascination que l’on cultive pour l’Empire romain.

En Iran on ne connaît pas Alexandre « le Grand ». On connaît « Alexandre de Macédoine » certes ou encore « Le belliciste du nom d’Iskandar », mais les Iraniens ne voient pas ce que cet homme a de « grand » . Ce n’est qu’un guerrier qui a conquis les terres entre l’Egypte et l’Inde, en détruisant entre autres l’empire perse achéménide. Comment les Iraniens, qui ont vu leur terres occupées, leur dynastie détruite et la merveilleuse ville de Persépolis incendiée par les troupes du dit Macédonien pourraient le considérer comme « grand » ?

Si selon les auteurs occidentaux les populations conquises étaient heureuses et soulagées d’être conquises par Alexandre, les Iraniens ont une vision différente de l’histoire. Alexandre a-t-il apporté la culture à l’Iran ? Non, il plutôt a essayé d’effacer la culture locale en hellénisant les terres perses. A-t-il construit ? Dans l’histoire iranienne Alexandre est surtout connu pour avoir incendié la ville cérémoniale de Persépolis, dont on peut aujourd’hui encore admirer les ruines (près de Chiraz vers le sud de l’Iran).

Glory is in the eye of the beholder”… En Europe, on admire Alexandre pour les guerres et les conquêtes faites. Pour une raison ou une autre on pense qu’il incarnait l’impérialisme civilisateur. Depuis l’époque coloniale l’Europe s’est tellement habituée à cette idée de l’impérialisme « gentil » avec une mission civilisatrice (qui ajd s’appelle ‘exporter de la démocratie’ et ‘universaliser nos valeurs’) qu’on a même fini par ressentir une étrange admiration post factum pour un empire romain qui jurait d’exterminer toutes les tribus belges.

Les Iraniens par contre se rappellent de l’autre côté de la médaille : le sang et la destruction. Un peu comme ajd Bush et les Irakiens ont une vision assez divergente de la guerre en Irak… Comme on dit en Afrique « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires continueront à glorifier les chasseurs »

samedi 1 mars 2008

Kuh-e Sofeh

J’ai passé un excellent weekend, ça faisait du bien. Puis pour bien le conclure vendredi, je suis sorti avec mon pote du Kurdistan, étudiant en ingénierie et un collègue suisse. La montagne Sofeh, à une petite quinzaine de minutes de l’université, semble le gardien naturel de l’université. La montagne, un gros rocher, une petite montagne si l’on veut, sépare le campus du désert. Sa couleur comme vous voyez sur les photos présage déjà le désert. La fin de l’oasis. Cet été, impressionné par sa présence et sa posture, je voulais essayer d’arriver en haut, mais avec des températures de +45° pas évident… fallait se lever à 4h du mat. Disons que cet été j’ai essayé trois fois…de me lever :-)

Par contre le weekend passé je m’étais approché pas mal de cette montagne…Un soir avec mon pote on s’était assis dans le parc qui forme le début de la montée. Pendant qu’on admirait au loin « les lumières de la ville » (vous souvenez-vous du film de Chaplin ? ;-)), je lui demandais ce qu’il fera pour Now Ruz (début du printemps, nouvel an iranien), aura-t-il la chance de rentrer au Kordestan pour l’occasion ? Probablement pas il me répondait, mais si tu veux on ira ensemble. Un voyage au Kordestan iranien ? Pourquoi pas à la fin. Je lui demandais aussi de tchaharshanbe souri (dernier mercredi avant le réveillon). Fête d’origine zoroastrienne, l’idée est de ne pas permettre au soleil de se coucher. A cette fin la veille de ce jour, on allume des grands feux un peu partout et on saute au-dessus (ou dedans). Mon ami me racontait qu’au Kordestan c’est encore assez traditionnel, mais que dans les grandes villes comme Téhéran ou Esfahan, c’est devenu assez dangereux à cause des feux d’artifice amateurs que l’on allume partout. Tous les ans il y a des maisons qui brûlent et des gens qui perdent un bras ou une jambe ! Enfin revenons-en à la montagne ;-)

Ce vendredi c’était donc le grand jour ! Parti à 8 heures on a mangé le petit déjeuner près du sommet, à côté d’une grotte où un ami de mon pote s’installe tous les vendredi afin de profiter de la tranquillité offerte par le rocher. Le parc et le début de la montée étaient remplis de familles piqueniquant, de enfants gueulant et de marchands (évidemment)…mais plus qu’on montait moins nombreuse se faisait la compagnie… Le petit déj en haut de la montagne (rocher) était une belle expérience « zen » ;-) Dommage que je me sois pris un coup de soleil en descendant :-( Bon plutôt que de vous laisser saouler par mes histoires, regardez les photos… et faites-vous une idée.