mardi 12 février 2008

Series: The Revolution: 4. Discussions fleuresques...

Une des filles qui nous avaient accostés dans le Resto U. (voir le post Al-Taqiyya), porteuse d’un nom fleuresque, m’a inspiré ce post qui conclue la série sur la révolution. Elle incarne bcp des contradictions de l’Iran révolutionnaire 29 ans après la révolution.

A cause de son long habit noir, qui la couvrait de la tête aux pieds, on la qualifierait à première vue de « conservatrice ». Pourtant quand elle enlevait ce long bout de tissu, la fille qui s’asseyait à côté de moi se transformait. Un jeans très « slim fit », des chaussures à talons et une petite veste très design avec chemise assortie. Je comprenais sur le champ que le long tissu noir n’était qu’une façon d’éviter des emmerdements de la police. D’ailleurs si l’on regardait bien, même l’habit noir présentait des détails modieux comme le bout des manches en dentelle noire. Encore une fois j’apprenais à ne pas me fier aux apparences.

Dans le bus, on violait un peu la ségrégation hommes-femmes, elle m’interrogeait sur la Révolution française et son influence sur la littérature et la philosophie européenne. Question rare dans les bus de Bruxelles. En faisant appel à qques connaissances historiques lointaines, je lui parlais de Voltaire, de Montesquieu et de Rousseau. De comment la Révolution française avait libéré le peuple de France du joug royal et proclamé l’égalité des citoyens devant la loi et comment ensuite la restauration avait porté au pouvoir Napoléon. Comment ce dernier avait utilisé les idéaux universalistes de la Révolution française pour conquérir l’Europe. Elle lançait une comparaison avec la Révolution iranienne. Révolution qui avait-elle aussi visé la libération du peuple du joug royal en partant des idées de philosophes illuminées comme Chari’ati et Khomeini. Puis, comme en France, en Iran aussi, certaines personnes avaient trahi les idéaux de la révolution (et la vraie pensée de Khomeini).

Comme souvent on en arrivait à parler de mariage, elle m’expliquait franchement que la voiture, la maison, le job et la famille du gars étaient prioritaires. Tout comme une bonne éducation : elle a une éducation universitaire et son mari doit être à la hauteur. Ce n’était pas la première fois que je l’entendais. Bien qu’elle ne veuille pas se marier tout de suite, elle ne refuserait pas « a good case » (une bonne occaz). En gros la proposition globale devait être intéressante, comme lors de négociations contractuelles. Frappant comment le futur mari était en premier lieu considéré comme qqu’un qui peut garantir un certain bien-être matériel. Etait-ce le but d’une révolution qui prétendait rejeter le matérialisme ? Beaucoup de filles, srtt en ville, ont une check-list claire pour évaluer le gars qui veut sortir avec elle. Le mariage est tjs derrière le coin et ça ne sert à rien de perdre son temps avec des candidats inaptes. Autant clarifier tt de suite. Au début je m’étonnais de la franchise et du matérialisme, mais à la fin est-ce si différent chez nous ? On le dit moins franchement, mais…

Mais ne pensez pas qu’elles veulent toutes se marier avec un Européen pour quitter le pays ! En l’occurrence la fille voulait bien voyager, elle rêvait de l’Italie, mais elle voulait faire sa vie en Iran et son futur mari, occidental ou non, n’avait qu’à l’accepter… Les femmes dans l’Iran islamique, bien éduquées, savent ce qu’elles veulent et sont assez déterminées à l’obtenir. :-)

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