jeudi 31 janvier 2008

Daily Life








évidemment toutes les photos apparaissant sur ce site sont copyleft :-)

Madrasa, cours et littérature...

C’est encore le weekend... Plein de trucs à vous dire, mais vais me limiter à trois petites choses.

1. Hier je suis retourné à l’institut pour donner cours d’anglais… On a eu un débat plutôt intéressant sur les différences culturelles entre l’Europe et l’Iran d’une part et sur l’origine de la législation iranienne d’autre part. Ainsi, pour en revenir à mon post précédent, imposer le voile était pour toutes un choix politique et non une obligation islamique. Assez surprenantes d’ailleurs les différences d’opinion concernant les questions religieuses, une fille toute occidentale physiquement défendait des idées très conservatrices. Comme quoi ne nous fions pas trop aux apparences. Marrant aussi de voir comment leur perception de l’Europe est celle de l’Europe du nord. Ainsi selon elles : on mange tôt, on ne parle pas bcp et on est ponctuel… les demoiselles n’ont manifestement jamais rencontré d’Italien :-)

2. Dans l’institut j’ai eu la chance de recroiser une amie, prof de langue et de littérature anglaise (elle s’appelle poétiquement Etoile). On a eu une discussion intéressante sur la littérature, puisqu’elle prépare une thèse de doctorat en Malaisie sur la comparaison de certains textes orientaux et occidentaux. Très fan de Gabriel Garcia Marquez d’ailleurs, faudrait que je relise pour être à la hauteur la prochaine fois qu’on ira prendre un café.

3. Là je reviens d’un après-midi/diner avec des rouhanis (des clercs en gros, des quasi-mollah quoi). On en avait rencontré un dans la rue et il nous a invité dans sa madrasa (école religieuse). Même la femme iranienne qui était en notre compagnie a été invitée, exceptionnel pcq théoriquement ces madrasas seraient « Men Only ». Bien qu’on ait srtt parlé persan, un des rouhanis disposait d’une bonne maitrise de l’anglais et d’une connaissance de la langue française. Les débats sur la nature du Coran, les droits des femmes ou, encore, l’origine des lois se sont révélés assez chauds. Même si la théologie n’est pas mon trip, fallait tt de même admirer l’érudition des gars. Très loin de la caricature idiote qu’on en fait souvent, on devrait les revoir d'ailleurs. Sinon la petitesse des locaux d’études dans la madrasa était plutôt frappante, ça me faisait un peu penser aux chambres des monastères, mais en plus grand tt de même.

Voilà j’ai été concis… Entre-temps en Floride encore le chanteur McCain, mais t est po pottible ! Puis la Miss Clinton pour les Démocrates. Je me souviens qu’elle votait pour la guerre en Irak en disant : “Any vote that might lead to war, should be hard…but I cast it with conviction.”. Vu d’ici les politiciens américains semblent assez radicaux… :-)

mardi 29 janvier 2008

Esthétique

L’esthétique compte en Iran. Même pour les hommes. Certains jeunes hommes se baladent bien rasés avec une coiffure années ’80 (pcq il paraît que cela fait cool voire occidental) Souvent on dirait des Siciliens fringués top bien en quête d’une demoiselle.
D’autres par contre, souvent indiqués par les premiers comme « hezbollahis », portent une barbe (quoique ils semblent généralement juste mal rasés), boutonnent bien leurs chemises et ont des coiffures simples et plus modestes.

Un des aspects les plus frappants dans la rue reste d’ailleurs la diversité du style vestimentaire des femmes. Le fait d’être confronté à des femmes tout en tchador (mot persan pour « tente », ce qui exprime bien la forme du tissu) noir et de voir en même temps des filles vêtues d’une manière assez provocatrice frappe d’office l’observateur masculin. Comme d’ailleurs la chirurgie esthétique…on voit fréquemment des filles, et parfois des garçons, avec une attelle et un bandage impressionnant sur le nez : la correction chirurgicale du nez étant l’une des opérations esthétiques les plus fréquentes en Iran. La nièce d’une amie iranienne en Belgique s’amusait d’ailleurs à en faire avec Photoshop, question de voir ce que cela donnerait au cas où… Ceci étant dit… j’ai vu des filles avec les oreilles ou le menton opérés aussi… et pourquoi s’arrêter là ? ;-)

Cette diversité vestimentaire est passionnante, pcq elle exprime svt des opinions socio-politiques. Mais pendant qu’ici on se bat pour la diversité, j’ai entendu qu’en Belgique après Gand et Anvers, la commune de Lier a à son tour interdit le port du voile dans l’administration publique. La France a même interdit aux élèves de porter le foulard en classe. Si des filles le font quand-même, elles sont expulsées de leur école ! Vu d’ici ces lois imposant des uniformes semblent complètement débiles et antidémocratiques. En Iran, la dictature royale avait interdit le voile en 1936, maintenant le voile est obligatoire. Beaucoup d’Iraniens, même des très conservateurs, semblent toutefois favoriser la liberté de choix à ce niveau. Je suis assez d’accord avec Marjane Satrapi, auteur de la BD Persepolis, qui s’oppose pourtant farouchement au port du voile, quand elle dit qu’un gouvernement qui interdit le voile ne vaut pas mieux qu’un gouvernement qui l’impose. Il s’agit dans les deux cas d’un déni de liberté. C'est assez drôle que ce déni nous soit imposé par des politiciens (style CD&V, SPa-Anvers, J.-M. Dedecker, Sarko) qui prétendent défendre la liberté !

Entre-temps comparez les couvertures des deux publications reprises ci-dessus... est-ce bien le même pays? Je vous montre aussi une photo d'un groupe de jeunes Iraniennes. Bien qu'il n'y ait pas de filles vraiment occidentalisées, c'est un groupe comme on en voit souvent, des filles plus conservatrices en tchador sur la droite, des moins voilées, plus colorées et maquillées sur la gauche. Cette diversité correspond-elle à l''image de la femme iranienne que vous voyez généralement dans les médias ?

dimanche 27 janvier 2008

Des Sanctions? Encore?


Je lisais une nouvelle intéressante sur un blog d’un Iranien à l’étranger: Freedom House (une ONG américaine) a à peine traduit deux de ces manuels en persan. Le premier s’intitule plus ou moins « La lutte non-violente : 50 points essentiels » : l’objectif est d’expliquer aux Iraniens comment renverser leur gouvernement. Le deuxième manuel, concernant les élections, a pour but avoué de perturber les élections parlementaires iraniennes qui auront lieu ce 14 mars. En collaboration avec d’autres « ONG » et en étroite concertation avec le gouvernement Bush, Freedom House a été une des forces derrière les changements de régime au Kirghizistan, en Serbie, en Géorgie et en Ukraine. Pendant que ces pseudo-ONG essayent de miner le gouvernement iranien et même le processus électoral, le régime étasunien s’efforce à imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran.

Des sanctions? Encore?” Une jeune prof de langues à Isfahan a du mal à y croire quand je lui dis que les Etats-Unis semblent avoir trouvé un accord avec les autres membres permanents du Conseil de Sécurité sur de nouvelles sanctions contre l’Iran. « Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter cela ? » me demande-t-elle. Elle me raconte comment les sanctions, qui ont comme objectif officiel l’armée et le gouvernement iranien, touchent avant tout les gens travaillant dans des entreprises privées. Les fonctionnaires ont souvent leur salaire garanti, ce qui n’est pas le cas de ceux qui travaillent dans la distribution ou ceux qui dépendent du commerce international. Elle n’est pas convaincue que ce n’est que la question nucléaire. « Vous savez qu’on supporte des sanctions depuis la révolution islamique, il y a presque 30 ans ? » Le président Clinton décréta même une interdiction TOTALE de tout commerce avec l’Iran, tandis qu'à cette époque l’Iran et son président Rafsandjani essayaient d'améliorer les liens avec les USA, . « La vie n’est déjà pas facile… Est-ce qu’ils veulent la détruire complètement notre économie ?». Je ne savais pas trop quoi lui répondre… Un gars de mon âge me dit : « Ecoute, je sais bien que notre gouvernement n’est pas le meilleur qui soit, tout le monde le sait, mais des sanctions font beaucoup de mal aux gens, au peuple ».

Le cartoon que je reprends ici (j’espère sans violer aucun droit d’auteur) exprime bien ce qui dérange les US. Ils veulent éviter que l’Iran se développe en pays indépendant. Et ils semblent prêts à frapper durement la population iranienne ! D'ici on espère que le mouvement pour la paix en Europe et aux Etats-Unis commence à se battre contre toute forme de sanctions contre l’Iran !

vendredi 25 janvier 2008

Mon premier weekend isfahanien...

Que faire en ces deux jours de congé... j’ai assisté à une manif de soutien aux Palestiniens à Gaza… expérience intéressante, j’ai pas toujours compris tous les slogans mais mort à l’Amérique (margh bar amerika) et Israël j’ai compris :-) Il est vrai que je ne comprends pas très bien le raisonnement officiel israélien : il y en a qui tirent des missiles donc coupons le courant à tout le monde ? Premièrement à ce que je sache les missiles ça marche pas à l’électricité (pas besoin d’une prise) ; deuxièmement il me semble que ce n’est pas en coupant le courant, bloquant la nourriture et bombardant qu’on va diminuer le sentiment anti-israélien. Puis 60 ans d’occupation, ça ne s’oublie pas tt de suite non plus…

Beaucoup d’Iraniens ont une image plutôt nuancée des USA, parfois assez positive même. Par contre, sur Israël j’ai pas encore entendu un seul mot positif. Faut dire que les Iraniens critiquent pas mal aussi les pays arabes pro-occidentaux et notamment l’Egypte qui, sous pression américano-sioniste, ne vient pas en aide à une population en difficulté. A la télé j’ai vu un reportage, d’une journaliste anglaise, qui montrait comment les nouveau-nés en couveuse dans les hôpitaux de Gaza risquaient une mort précoce à cause de la politique dite de « sécurité » d’Israël. Pcq les missiles fonctionnent bien même sans courant, mais les couveuses non.

Sinon j’ai été manger avec un ami très antireligieux et nostalgique de la grande époque impériale persane. « Regarde, » me disait-il, « ce que les Arabes et leur religion ont fait de notre pays : il y a 2500 ans on dominait le monde, maintenant on est un pays en voie de développement ! » Analyse un peu trop simple sans doute… il en convenait quand il soulignait le rôle vicieux qu’ont joué les Anglais en Iran et dans la région. La Grande-Bretagne est sans doute le pays le moins aimé par la population iranienne, moins encore qu’Israël et beaucoup moins que les USA. Il est vrai que l’Angleterre a pendant environ un siècle dominé l’Iran et exploité scandaleusement ses ressources. Du coup l’Anglais est considéré comme le vicieux, le malhonnête et le manipulateur. Pour beaucoup d’Iraniens c’est les Anglais qui ont chassé le premier ministre nationaliste Mossadegh en 53 (en réalité c’était la CIA) ; c’est sans doute les Anglais qui ont renversé l’URSS et, pour les opposants du régime, c’est les Anglais qui garantissent le pouvoir des mollahs. Ainsi il est beaucoup pire d’être anglophile que d’être américanophile. Américanophile implique que tu admires la modernité, Nike, la NBA, la puissance militaire, etc. Donc ça va… c’est compréhensible… Par contre si tu es anglophile, tu admires cette culture vicieuse, manipulatrice et menteuse, tu ne peux pas toi-même être très fiable.

Mais bon revenons-en à mon weekend, j’ai aussi été boire un verre avec une amie à l’hôtel Abbasi, merveilleux hôtel historique d’Isfahan. Je vous mets une photo de sa cour intérieure, pour vous donner une idée. Vu qu’il n’y a pas de véritables bars (y a des maisons de thé mais pas pareil) on se retrouve svt dans les bars des hôtels (« kafétaria») question de pouvoir discuter tranquillement, sans être harcelé par la police des mœurs ou d’autres regards indiscrets. On y voit d’ailleurs souvent des couples « non-officiels ». Les hôtels, conscients de la fonction ‘souterraine’ de leurs « kafétaria », les installent souvent dans un coin discret de leur établissement. L’amie en question est une de mes ex-élèves avec qui j’ai tjs d’excellents contacts, l’accueil par sa famille est d’ailleurs toujours plus qu’à la hauteur de l’hospitalité iranienne. Elle m’a entre autre demandé de revenir à son institut d’anglais pour y donner cours . Je lui ai promis d’en parler avec le directeur de l’institut (voyons si j’arrive à recevoir un tit salaire ;-)). Théoriquement je ne pourrais pas donner cours aux filles, puisque l’institut alterne les jours (mardi filles, mercredi garçons, etc…) mais pour un étranger tout cela semble avoir moins d’importance… Enfin soit…mnt il me reste un diner ce soir avec des « intellectuels » iraniens. En gros il s’agit de neurologues, chirurgiens, etc. pour qui cela fait chic de fréquenter des étrangers…cela pourrait s’avérer très ennuyant, mais bon c’est une tradition des étudiants de l’office de coopération internationale donc je respecte…

jeudi 24 janvier 2008

mardi 22 janvier 2008

To vote or not to vote

Avant de vous raconter mes nouvelles, je dois remercier Erika qui m’a interviewé comme « expert de l’Iran » (ah comme je me sentais gonfler les…) sur son blog… allez jeter un coup d’œil (le lien est sur la droite, c’est elle l’Italian friend).

Le 14 mars les Iraniens éliront un nouveau parlement, Je lisais dans le journal Kayhan (conservateur) ajd qu'on s'attend à un taux de participation élevé. Parmi ceux qui s’opposent au gouvernement actuel la question clé est: aller voter ou pas? Pour les présidentielles de 1997 ils avaient massivement voté pour Khatami, président réformateur, plus par peur de l’autre candidat (Nateq-Nouri, un conservateur d’extrême droite) que par conviction que Khatami allait tout changer. Certains de ceux qui ont voté pour Ahmadinejad aux dernières présidentielles ont fait le même raisonnement : « surtout pas l’autre » (Rafsandjani, considéré à tort ou à raison comme corrompu). Pour les élections parlementaires la question se pose différemment, on ne peut pas simplement raisonner par la négative et voter contre qqu’un. Et puis en allant voter, on risque de perdre et de renforcer la légitimité d’un gouvernement dont on ne veut pas… En même temps si l’on ne vote pas, on perd d’office. Les réformateurs en ont déjà fait l’expérience qques fois. Question épineuse…

Autre débat : le temps, il fait froid ! Un peu moins mnt mais la semaine avant mon arrivée les villages et certaines villes au nord avaient souffert des coupures de gaz, parce qu’à cause du froid exceptionnel (pas arrivé depuis 30ans), le transport n’était plus garanti tandis que la consommation augmentait énormément. Puis sans gaz, les fours pour le pain ne fonctionnent pas… Pour épargner du gaz les bureaux des ministères et autres services étatiques ont été fermés pendant 5 jours, comme d’ailleurs les écoles puisque la neige ne permettait pas aux enfants de rejoindre leur école. On ne le penserait pas mais la question énergétique est assez délicate en Iran…

Cet été Ahmadinejad décida de rationner la consommation d’essence. Différentes raisons furent invoquées, mais la peur de possibles sanctions internationales a sans doute joué un rôle dans cette décision. Vu que l’Iran, à cause du manque de capacité de ses raffineries, est un importateur net de pétrole raffiné (même si grand exportateur de brut), le pays dépend énergétiquement à certains niveaux de l’étranger. L’idée d’Ahmadinejad de diminuer la dépendance du pétrole et ‘utiliser davantage le gaz comme combustible pour les voitures n’était dans cette perspective pas mauvaise. Le problème est qu’il y a un manque non pas de gaz, dont l’Iran détient d’énormes réserves, mais bien de stations de service distribuant ce gaz. Du coup on se trouve dans une situation où l’on doit faire la file pour l’essence à cause du rationnement et pour le gaz à cause du manque de distributeurs. Situation non-idéale, mais comment limiter la consommation interne et diminuer les subventions étatiques qui rendent le combustible presque gratuit, sans toucher à la situation économique des gens et du pays ? Heureusement comme étranger on ne doit pas gouverner le pays que l’on visite, mais si vous avez des suggestions je les passerai aux instances compétentes ;-)

lundi 21 janvier 2008

Bijour d'Esfahan

Un jour la ville d’Isfahan était connue comme la ville des mosquées bleues, aujourd’hui encore le persan connaît l’expression : Isfahan est la moitié du monde. Ils ne pèchent pas par excès de modestie. Mais il est vrai que la ville est plutôt mimi, ça m’a fait bizarre d’y revenir. Revoir l’université, les gens…

La première personne que j’ai revue était un ami sunnite originaire du Kurdistan (je ne le définirais pas comme Kurde, puisque lui-même se considère Iranien, donc loin de moi de lui coller une étiquette différente, je ne suis ni journaliste ni sociologue). Achoura ne lui faisait pas trop d’effet, il m’avouait même que ça l’énervait un peu… Il est vrai qu’on en fait beaucoup ici, la télé iranienne, qui n’est déjà pas connue pour la variété de ses programmes, enchaîne les « interviews » de mollahs et les services sur les commémorations de l’événement. On comprend mieux pourquoi beaucoup d’Iraniens s’accrochent à leur paraboles. En plus, quand on voit, surtout dans les villages ou les quartiers éloignés du centre-ville, des gens qui se fouettent jusqu’à en saigner et parfois s’enfoncent un couteau dans la tête afin de stimuler la perte de sang, c’est pas trop le pied. Ces pratiques continuent depuis des siècles, bien que le gouvernement iranien les ait interdites et incite les gens à donner plutôt du sang aux hôpitaux. Un mouvement de 400 personnes de Khomeinchahr a d’ailleurs donné l’exemple cette année, à voir si l’année prochaine plus de sang coulera vers les hôpitaux.

Mon ami sunnite me posait d’ailleurs une question intéressante, il voulait savoir ce que j’avais pensé du speech du président iranien aux USA et notamment à l’université de Columbia. Je lui répondais qu’il y avait des choses très intéressantes dans ce discours, notamment la comparaison entre la disparition du régime sud-africain de l’apartheid et celui du régime israélien contemporain ; mais que malheureusement les médias en Europe avaient focalisé leur attention sur une phrase « malheureuse » concernant l’homosexualité en Iran. Mon ami n’en avait pas du tout entendu parler, mais il ne voyait pas où était le problème…En affirmant qu’il n’y a pas d’homosexuels en Iran, Ahmadinejad avait quand-même dit la vérité (rast goft) ? Pourquoi les Occidentaux pensent-ils qu’il y a des homosexuels en Iran ? Des rapports sexuels hors mariage, ça existe, bien sûr, même si c’est anti-islamique, mais entre deux hommes ? Jamais. La discussion me rappelait des échanges identiques avec un ami camerounais. Je n’ai pas trop su quoi répondre quand il me demandait si moi j’en avais vu en Iran, ni quand il m’a demandé pourquoi nos médias parlaient uniquement de cela…y a-t-il peut-être de la censure dans les médias occidentaux ? J’ai voulu m’en sortir avec « c’est des choix rédactionnels, on ne peut pas tout dire dans un JT de 30minutes », mais ma réponse ne me convainquait pas plus qu’elle ne persuadait mon interlocuteur. On s’est finalement mis d’accord sur le fait que la fabrication d’une image négative de l’Iran (pour des raisons de politique internationale) et le besoin de nouvelles sensationnelles jouent un rôle important dans ces « choix ». La question des « choix rédactionnels » mérite effectivement d’être posée, je vous passe une vidéo que j’ai reçu d’une amie sur les approches différentes. Rien à voir avec l’Iran mais éclairante… http://www.dailymotion.com/video/x3khwj_liberte-dexpression-ditesvous_politics

Ah d’ailleurs j’ai entendu que John McCain a gagné une autre pré-élection et pourrait bien devenir le candidat républicain pour la présidence américain. C’est inquiétant. Tapez sur Youtube « McCain Bomb Iran » et vous verrez ce brave vieillard chanter « Bomb Iran » sur une chanson des Beach Boys (Barbara Ann)… Allez à vos claviers ;-)

jeudi 17 janvier 2008

Grand-mère, Achoura et Lolita

Sensation amusante quand le pilote annonce que la température sur place est de -17°... Heureusement le froid n’est pas si insupportable, surtout vers le centre de la ville la pollution fait qu’on ne sent plus le froid… Entre-temps je suis donc bel et bien installé à Téhéran pour qques jours, avant de partir pour Esfahan… J’ai compris que les grand-mères sont adorables et pareilles un peu partout dans le monde. Celle de la famille où je me trouve m’a raconté les épisodes les plus intéressants de sa vie tout en m’incitant à me marier… Elle me racontait comment sous le chah les femmes se mariaient souvent déjà à 12 ans. Il est vrai qu'avec mes 27, j'en ai du retard. Toutefois les Iraniennes d'aujourd'hui se marient plus ou moins au même âge que les Européennes. Je vous rassure, j’ai tout de même réussi à négocier trois ans de célibat en plus, mais apres faudrait quand-même que je m’y mette. D’ailleurs faudrait aussi que je vienne habiter en Iran et selon elle le persan s’apprend le mieux en epousant une demoiselle locale. A voir ;-)

En parlant de femmes iraniennes, peu avant mon départ certains de mes amis me parlaient avec enthousiasme du livre « Lire Lolita à Téhéran », un livre qui raconte comment un prof de littérature défie l’interdiction la censure postrévolutionnaire en organisant des groupes de lecture. Tout à l’heure j’ai vu le dit livre de Nabokov librement en vente dans les rayons d’une librairie de l’ouest de Téhéran. L’Iran au feminin d’aujourd’hui ressemble probablement plus à celui décrit dans le livre Jasmine and Stars (voir Que Lire)… D’ailleurs les voiles, officiellement obligatoires, tombent bien souvent très bas dans ces quartiers plus aisés (classes moyennes ou très riches) de Téhéran. La mode occidentale y est à l’ordre du jour, bottes à talons et jeans compris, mais garde à penser que ceci représente tout l’Iran, il suffit de descendre qques quartiers et de dépasser l’avenue de la révolution vers le sud de la ville pour se rendre compte du fait que beaucoup de femmes se tiennent rigoureusement à la « mode islamique ».

En revenant de la librairie, notre voiture a été bloquée par une répétition pour la procession d’Achoura. Sur Achoura, le 10e jour du mois arabe de Moharram c'est-à-dire ce samedi, les chiites commémorent le martyre de l’Imam Hussein (3e imam chiite et fils de l’Imam Ali, gendre et successeur du prophète). Hussein a été tué à Kerbala en Irak par Yazid, fils du fondateur de la dynastie sunnite des Umayyades. Là où les Turques sunnites préparent un gâteau pour l’occasion festive, les Iraniens se promènent en procession en se fouettant afin de sentir le martyre de Hussein. En même temps, n’exagérons rien : il est assez interessant de voir comment jeunes filles maquillées et garçons orgueilleux tournent autour la procession, plus que le culte du martyre Achoura représente pour eux une chance de se faire voir et de, pourquoi pas, draguer un peu…

La journée a été longue et le voyage nocturne épuisant, il est donc temps de profiter un max des deux jours de fête… Vivement Achoura…

lundi 14 janvier 2008














Quelques images d'Esfahan sous le soleil d'été....évidemment toutes les photos apparaissant sur ce site sont copyleft :-)

Le départ

Cette fois le départ pour l'Iran est moins spectaculaire que la toute première fois... Je me souviens de la première fois, j'avais une image basée sur des informations journalistiques ou livresques et je partageais donc partiellement certains préjugés sur le pays...

En arrivant et surtout en voyageant j'ai constaté o combien cette image était incomplète voire totalement fausse... C'est un peu comme lire les commentaires de la presse argentine sur la crise politique belge et penser connaitre la Belgique...

De toute façon... Ce premier voyage, tout autant backpacking que découverte, il y a maintenant presque 4 ans, m'a ouvert les yeux sur énormement d'aspects de ce pays... Ainsi par exemple nonobstant ce que l'on écrit dans les médias belges et autres... la "femme iranienne" n'existe pas (il y en a des conservatrices comme des plus réformatrices, y a les femmes à la campagne et celles des villes qui vivent des réalités diverses, celles du nord de Téhéran et celles du sud qui ne partagent pas le même espace social etc... etc...) Souvent il n'y a même pas d'opinion publique iranienne... les opinions sont diverses et divergentes, que ce soit concernant le gouvernement ou que ce soit par rapport à la situation internationale... Comme chez nous grosso modo...

Cette tension du premier départ n'y est plus...mais elle a été remplacée par une envie de revoir les amis et les différentes connaissances... Revoir la famille à Téhéran qui m'a accueilli si chaleureusement il y a 6 mois, rencontrer en Iran la famille d'une amie iranienne vivant en Belgique ou encore revoir les étudiants à qui je donnais cours d'anglais à Esfahan il y a 6 mois... Une envie de voir Téhèran sous la neige... :-)