lundi 4 février 2008

al-Taqiyya

Le concept de « al-Taqiyya », surtout utilisé par les chiites, vient de l’arabe et se traduit par « dissimulation ». L’idée est de cacher ses vraies convictions ou sa foi afin d’éviter les persécutions des régimes dictatoriaux (généralement anti-chiites). Cette justification religieuse du pragmatisme m’a tjs intrigué. J’y ai repensé récemment de manière involontaire quand je me suis rendu compte combien les paroles et les apparences peuvent être trompeuses dans l’Iran contemporain. Pour l’illustrer vais vous raconter deux histoires de ma vie quotidienne ici. Les voies de mon cerveau étant souvent impénétrables, il n’y a probablement aucun lien avec ce qui précède, mais soit :-)

D’abord une expérience faite à l’institut d’anglais. Lors d’une discussion sur les règles de l’Islam qqu’un m’expliquait qu’en Islam serrer la main d’une personne de l’autre sexe est considéré comme « not done ». Toutes les filles de la classe semblaient bien d’accord avec ce point de vue. La raison semble être qu’en serrant la main d’une personne on peut « échanger de l’énergie » ce qui peut mener à qui sait quoi… Personnellement j’ai tjs pensé que les yeux sont bien plus utiles « aux échanges énergétiques » entre filles et garçons, mais cela n’engage que moi :-) De toute façon…nonobstant ce discours théorique et presque officiel, à la fin du cours 6 filles sur 7 m’ont cordialement serré la main, pcq bon faut pas exagérer non plus dans la vie… On m’avait expliqué la théorie, mnt on passait à la pratique ;-)

Deuxième histoire: je viens de manger au Resto U. avec un pote français. On avait à peine fini notre repas que deux filles, dont une en tchador (apparence qui serait théoriquement signe de conservatisme religieux), nous accostaient : « Ah vous parlez français… nous on est dans la faculté de littérature anglaise, mais on parle un peu français aussi… » Elles avaient eu de la chance : toutes les deux d’Isfahan, elles avaient, après le « concours », été acceptées à l’université ici. Le concours (= examen d’entrée national) est très difficile et quand on le réussit et on est accepté par une université…l’on accepte généralement peu importe l’université, même si cela implique se déplacer vers l’autre bout du pays. On a parlé une tite demi-heure au milieu du resto, puis elles ont décidé de nous inviter à leur cours demain, question qu’on rencontre leur compagnons de classe.

Je conclurai avec un appel à la pitié : j’ai eu le malheur de parler avec une de mes profs de la Révolution constitutionnelle iranienne de 1906-07, qui introduisait pour la première fois une constitution en Iran. Cette constitution, tjs la base de la constitution actuelle, est en grande partie basée sur le modèle de la constitution belge. Ma prof m’a donc apporté un tit livre avec la constitution et des commentaires de droit constitutionnel (en persan cela va de soi). Si je voulais bien le lire et donner mon avis d’ici la semaine prochaine. Par esprit du défi je m’y suis mis… Je vous tiens au courant…Ayez pitié de votre serviteur…

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