dimanche 17 février 2008

Moment téhéranais

Téhéran est une ville frénétique, plus que son cœur on risque d’y perdre la patience (mais mieux vaut ne rien perdre du tout). Les embouteillages interminables de la ville mettraient à l’épreuve la patience du Bouddha en personne. Vous aurez compris, je vous écris rapidement (de la gare) de Téhéran en attendant le « night-train to Esfahan ». Appréciez l'effort pcq à la télé de la gare il y a du foot: Juventus-Roma...

Passées les festivités révolutionnaires, je me suis permis un long weekend dans le nord de Téhéran pour aller voir une amie. Partie richissime de Téhéran où le mélange entre Orient et Occident qui anime les foyers ferait fondre le plus froid des cœurs. La fascination rend aveugle ;-)

Juste après la révolution un habitant de cette partie de la capitale racontait : « vivre dans ‘notre Téhéran’ n’était pas très différent de vivre dans une ville européenne ; nos maisons, nos bureaux, nos vêtements, les écoles de nos enfants, nos restaurants et surtout nos comportements étaient des copies conformes de la version occidentale. Donc, on avait rarement l’occasion ou l’envie de visiter le sud de la ville. ».[1] A ce niveau très peu a changé. Sans traverser aucune frontière j’ai quitté la République islamique pour arriver dans un pays où l’on vit au rythme de l’Europe; où l’on organise des fêtes bien arrosées ; où l’on connaît le prix d’un policier et de la tranquillité ; où l’on voit des filles non pas avec un voile « mal-ajusté » mais même parfois rapidement, et en dépit de la loi, sans voile ; où l’on refuse le vote pcq ce régime n’est pas le sien et d’où le sud de la ville (pauvre et plus religieux) semble un autre monde qu’on évite volontiers. Seule la grande hospitalité et la fierté d’être iranien continuent à te rappeler que tu es bien en Iran ;-)

Petite anecdote: hier j’ai appris que mon vol de retour vers l’Europe a été annulé. Faut en trouver un autre. Du coup pour l’instant je me trouve au Moyen-Orient sans passeport (perdu entre université et police) ; sans visa (extension se fait attendre) et sans vol de retour… Cela semble assez problématique, on fera appel au bon Dieu :-))) Comme qqu’un me disait : c’est peut-être ton ghesmat (destin) de rester ici… Moi entre-temps je me réjouis du but de Del Piero... Juventus 1 Roma 0 :-)

[1] J'ai lu ça dans T. McDaniel, "Autocracy, Modernisation and Revolution in Russia and Iran", Princeton University Press, 1991, p.131

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