lundi 11 février 2008

Series: The Revolution: 3. Le Grand Jour

Un jour de congé le 22 Bahman (11 février) , mais on s’est tt de même levé plutôt tôt. Jour de la capitulation des troupes royalistes en 1979, la manif commençait vers 10h dc fallait y être pour 9h30 tt de même. Le début était prometteur, en descendant du bus on est accueilli par des haut-parleurs qui incitent « les sœurs » à manifester d’un côté et « les frères » d’un autre. Certains groupes organisés semblent respecter ces indications, mais la grande majorité profite de cette belle journée ensoleillée pour se promener en famille. On passe des stands où l’on distribue de la nourriture gratuite. Les gens se battent pour décrocher un plat. Pendant que les haut-parleurs répètent les slogans « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël » et « Mort à l’Anglais », un homme m’apporte un chocolat chaud. Un autre, manifestement de l’organisation, dit Hezbollahi, m’accoste : « Vous êtes anglais ? » La réponse négative de ma part nous soulage tous les deux. « Vous prenez des photos pour un journal ? Vous êtes journaliste ? » Une autre réponse négative détend davantage encore l’atmosphère. « Vous travaillez pour votre gouvernement ? ». Et non, je ne suis qu’un étudiant de l’université d’Esfahan. Rassuré, l’homme me souhaite le bienvenu en Iran.

Ma présence attire énormément de curiosité. Rapidement d’autres personnes m’entourent et me demandent de les prendre en photo, souvent ils veulent connaître mon avis sur les USA ou sur la révolution. D’autres ne demandent rien et m’expliquent le sens de la révolution. Quand j’observe que les slogans sont fort peu religieux, mais surtout anti-USA, anti-impérialistes, qqu’un me répond : « mais c’est ça l’Islam : la libération et l’indépendance des USA ». Un professeur d’un lycée me demande si je veux bien venir donner une heure de cours d’anglais dans son lycée. Comment refuser ?

Les femmes, majoritairement en tchador, gardent généralement leurs distances. Le public ici est conservateur et majoritairement pro-gouvernemental. Deux jeunes filles me demandent quand-même si je veux bien poser avec une pancarte « mort aux USA »… Vous vous imaginez ma réponse. A la place centrale d’Esfahan la manif se transforme en piquenique géant avec comme arrière-fond les belles coupoles bleues et le slogan : « L’Amérique ne sait rien nous faire ». Une petite glace pour commémorer la chute du chah, qques nouveaux amis, une belle journée. Loin du fanatisme que je m’imaginais inconsciemment.

Pendant qu’on s’éloigne, un père de famille s’adresse à moi. Il me demande entre autres si je suis musulman. J’affirme être chrétien. « Pourquoi tu ne te convertis pas ? Tu parles déjà persan, c’est un premier pas. » Puis c’est tellement mieux d’être musulman, t’arrives plus rapidement au paradis. Facile de le devenir : si je veux il m’accompagne à la mosquée et on arrange ça. Il se marre bien… je m’en sors avec un « deux religions, deux voies vers un seul Dieu ». Réponse persane s’il en est.

Après un passage dans le resto luxueux de l’hôtel Abbasi, dont je vous parlais précédemment, en présence d’une compagnie plutôt occidentalisée, on se concède
une petite promenade le long du fleuve et des ponts historiques merveilleusement illuminés. Un décor fort romantique pour conclure en beauté cette riche journée.


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