lundi 23 juin 2008

Le cours des filles

Et voilà pour les impatients…mon premier cours de conversation anglaise aux hôtesses... La classe se remplit graduellement de huit, neuf filles… Toutes ont environ 24-25 ans, quelques-unes me précisent qu’elles ne sont pas mariées… Une femme « d’environ 46 ans » rejoint le cours aussi… Elle vient de s’inscrire, elle avait étudié l’anglais à l’université elle me dit et elle veut reprendre un peu… Maintenant que ses enfants ont quitté la maison, elle a plus de temps pour elle-même…

La majorité des filles sont habillées de manière assez normale (voile officiel ou manteau simple)… Quelques-unes portent un pseudo-foulard ou se sont maquillées pour l’occasion (venir dans un environnement international et de compagnie aérienne te fait tjs sortir un peu de la vie quotidienne), d’autres encore viennent directement du boulot et n’ont pas eu le temps de se changer… Une fille attire tout de suite mon attention, blonde (fausse, mais je ne fais pas dans le détail) elle ne porte qu’un tit bout de tissu sur sa tète qu’elle fait régulièrement tomber pendant le cours. Je suppose que son manteau n’est pas très régulier non plus. Mais plus que son apparence c’est ses mots qui me frappent : « Excusez-moi, vous êtes né en Iran ou en Europe ? » . Ma réponse la soulage, mais pour être sûre elle me demande si l’on peut parler franchement dans mon cours…

Contrairement à ce qui était le cas chez les garçons je ne dois point lancer ou encourager la discussion. Elles parlent et discutent toutes immédiatement ce qui différencie l’Europe de l’Iran… Vous avez la liberté me dit quelqu’un…Une autre riposte « Ben nous aussi, je vais où je vais quand je veux etc… » « Ah oui et quand tu fais des fêtes tu n’a jamais peur de la police ? » « Si mais on s’y fait, je m’adapte, en Europe t’as des règles aussi ». « Notre problème c’est que l’on se trouve entre la tradition et la modernité, on s’opère le nez mais on a du mal à avoir des relations normales avec les garçons » Une demoiselle affirme : « Tu sais, le mieux de l’Europe c’est que les gens mentent moins, nous on ment tout le temps, mon père est avocat et il a demandé à son client anglais de mentir un peu au tribunal, juste un peu, et le client a refusé ! Aucun Iranien n’aurait refusé ! » Une quatrième, pourtant d’apparence occidentale, y ajoute : « de toute façon moi en Europe je ne pourrais pas y vivre… les gens sont trop froids là-bas, j’ai besoin de gens qui m’aiment et à qui je manque quand je ne suis pas là… » « Oui dit, une autre, on est bcp plus émotionnels que les Européens, mais en même temps on est plus paresseux aussi » Elles m’affirment en même temps qu’un des problèmes de l’Iran est la paresse des gens, mais qu’elles ne veulent pas aller bosser en Europe pcq on serait tous des fous du boulot… Personne ne remarque qu’il y a peut-être une différence entre cette image caricaturale de l’Allemand typique et la réalité… Puis le socio-économique n’est point un sujet ici, peut-être à cause d’une certaine homogénéité sociale ? La seule remarque économique concerne l’absence de méritocratie en Iran… Elles se plaignent que la fidélité à l’idéologie ou l’amitié avec le chef semblent plus importantes que les qualités professionnelles… Ce qui me frappe c’est le manque de véritables grands désaccords… même la femme plus âgée semble partager les inquiétudes des plus jeunes…

A la fin du cours la demoiselle blonde, dont le nom m’était échappé qques fois lors du cours, me demande subtilement d’ « expliquer » un passage de Shakespeare…
"What's in a name? That which we call a rose
By any other name would smell as sweet."
Pas con le cher William.

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