samedi 10 mai 2008

Persepolis ...

Vous avez vu le film Persepolis? Allez, ne me dites pas que vous lisez ce blog, mais que vous n’avez pas vu le film ? Terrible (enfin je tiens à préciser que film n’est pas basé sur ce blog, mais sur une BD très intéressante).

Je vous en parle pcq ça fait qques mois qu’il a commencé à circuler en Iran et les réactions sont marrantes. Le gouvernement iranien s’est opposé à sa diffusion et surtout les conservateurs religieux ont vivement condamné le film. Le journal Keyhan parlait d’un film anti-culturel et anti-islamique.

J’avais reçu le film sur VCD de la part d’une amie et j’en ai par la suite parlé avec deux de mes enseignants et avec qques amis. Qques jeunes filles, qui se disent pourtant religieux et ne me serreraient pas spontanément la main (j’ignore si des raisons religieuses ou la pression sociale causent ce comportement), l’ont défini comme « excellent et absolument pas exagéré ». Une de mes enseignantes, autour de la trentaine, m’a par contre dit que « le film était bien fait, mais contenait pas mal de mensonges ». (il y a effectivement qques inexactitudes historiques, ainsi contrairement à ce qui est affirmé dans le film les purges postrévolutionnaires n’ont pas « surtout » voulu frapper ceux qui s’étaient battus contre le chah). Qqu’un d’autre l’a à son tour bien apprécié et m’a demandé s’il y avait moyen que je lui apporte le film du « provocateur Wilders » (dixit elle). Question de se faire une idée.

Ce qui est intéressant dans ces réactions c’est que toutes les personnes concernées parlent d’une époque qu’elles n’ont pas vécue personnellement. Ainsi les jeunes filles (ayant autour des 22-24 ans) n’étaient même pas nées au moment de la révolution, l’enseignante de son côté est né un an avant la révolution, elle non plus n’a pas consciemment vécu les premières années postrévolutionnaires. Leur opinion sur le film est donc basée sur des histoires entendues à l’intérieur de la famille ou, plus souvent, sur leurs opinions personnelles sur le gouvernement iranien actuel. Ainsi l’appréciation du film (assez critique non seulement du régime du chah mais aussi des premières années postrévolutionnaires, comme de l’accueil réservé aux immigrés en Europe) devient une forme d’expression politique. Si l’on apprécie le film ce sera pcq on n’aime pas la situation politique actuelle et vice-versa.

Ou comme le présent détermine la vision du passé, dur dur de savoir où passe la vérité historique dans tout ça...

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