vendredi 29 août 2008

En prison...ou presque ;-)

Je voulais écrire un post sur comment les backpackers (routards) que j’ai rencontrés à Isfahan ont réussi à me dégoûter entièrement de cette espèce, mais vu que je me suis fait arrêter par la police, je me suis dit que ce serait une histoire plus intéressante. Les insultes aux backpackers seront pour une prochaine fois ;-)

Alors, je marchais sous le soleil de midi sur un trottoir avec une fille (enseignante d’anglais) et vu qu’on ne se connaissait pas plus que ça, on marchait à distance honorable l’un de l’autre, loin d’être main dans la main… (jusqu’ici l’histoire serait banale, même en Iran) quand de loin j’entends une voix : « Agha, Agha » (càd Monsieur, Monsieur), je ne pensais pas que le personnage en question s’adressait à moi, donc on continua notre chemin et la discussion intéressante sur où aller déjeuner (sujet un peu osé j’avoue). Dix minutes plus tard j’entends un homme qui s’approche en courant, toujours en gueulant « agha agha ». Ayant désormais compris qu’il s’adressait à moi, je décide de me retourner et de lui demander pourquoi il nous emmerde autant… (faut savoir je deviens tjs légèrement désagréable quand je suis obligé de marcher en plein soleil, surtout quand j’ai faim)… Je me retourne, le gars (uniforme vert auquel je ne fais pas attention), me dit « Venez un instant », je fais donc deux pas en arrière, il me demande de le suivre, chose dont je ne vois pas l’intérêt, et donc je lui demande en persan ce qu’il y a… Il me demande « c’est quoi votre rapport avec cette fille ? ». Il s’agit de la question classique que les petits emmerdeurs te font quand ils te voient en compagnie d’une demoiselle dont ils supposent qu’elle n’est ni ta femme, ni ta sœur, ni ta mère… Ayant perdu ma patience et mon bon sens sous la chaleur du soleil, je lui réponds, tjs en persan : « aucun ». Le gars s’étonne (en général on invente un petit mensonge, question d’éviter l’arrestation)… et me dit : « bien alors vous voulez bien me suivre vers la voiture, la dame aussi ». A ce moment je me rends compte du sérieux de la situation, je reprends l’intelligence que j’avais temporairement perdue et lui demande en anglais « pardon ? »… Il s’arrête de suite et demande à ma compagnie « Ah il est étranger ? », chose qu’elle confirme avec un brin de joie. Le gars s’excuse mille fois de ne pas l’avoir compris (il est vrai que des deux mots prononcés en persan c’était dur d’entendre l’accent), nous souhaite un excellent séjour en Iran et s’en va. Photo: AFP/Getty Images

Morale de l’histoire : quand on est étranger on peut fréquenter autant de filles iraniennes que l’on veut, mais si l’on est iranien on risque de grosses emmerdes, il semble même interdit de fréquenter en même temps le même trottoir ! Autre chose intéressante : la police préfère s’attaquer aux cas « limites ». C’est-à-dire quand quelqu’un porte un voile qui est « limite », càd : on y voit un peu trop de cheveux, il y a de grandes chances qu’on l’arrête ; par contre si on se couvre de maquillage et montre plein de cheveux souvent la police n’ose pas intervenir, pcq elle sait que ces gens-là ont plein de sous et craint leurs connections. La même chose pour les relations homme-femme : quand on se promène main dans la main, on semble avoir relativement moins de chances de se faire embarquer que quand on se promène « normalement » ou « amicalement ». Une question de bluff, la police pensera qu’ « ils sont certainement mariés, sinon ils n’oseraient pas se promener de cette manière ». Enfin quoi qu’il en soit, entre-temps il y a au moins trois, quatre sortes de groupes qui veillent sur la morale islamique : « la police verte » (d’ordre public), et/ou Gashte Entezami, les bassij (les « mobilisés », souvent des pauvres recrutés pour des tâches diverses) et la police d’Ershad (guidance) (je ne me rappelle pas du nom exact, c’est à peu près ça). On ne pourra pas dire que la morale n’est pas bien protégée ici, par contre je dois encore découvrir quel service protège la vie privée…

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