lundi 21 janvier 2008

Bijour d'Esfahan

Un jour la ville d’Isfahan était connue comme la ville des mosquées bleues, aujourd’hui encore le persan connaît l’expression : Isfahan est la moitié du monde. Ils ne pèchent pas par excès de modestie. Mais il est vrai que la ville est plutôt mimi, ça m’a fait bizarre d’y revenir. Revoir l’université, les gens…

La première personne que j’ai revue était un ami sunnite originaire du Kurdistan (je ne le définirais pas comme Kurde, puisque lui-même se considère Iranien, donc loin de moi de lui coller une étiquette différente, je ne suis ni journaliste ni sociologue). Achoura ne lui faisait pas trop d’effet, il m’avouait même que ça l’énervait un peu… Il est vrai qu’on en fait beaucoup ici, la télé iranienne, qui n’est déjà pas connue pour la variété de ses programmes, enchaîne les « interviews » de mollahs et les services sur les commémorations de l’événement. On comprend mieux pourquoi beaucoup d’Iraniens s’accrochent à leur paraboles. En plus, quand on voit, surtout dans les villages ou les quartiers éloignés du centre-ville, des gens qui se fouettent jusqu’à en saigner et parfois s’enfoncent un couteau dans la tête afin de stimuler la perte de sang, c’est pas trop le pied. Ces pratiques continuent depuis des siècles, bien que le gouvernement iranien les ait interdites et incite les gens à donner plutôt du sang aux hôpitaux. Un mouvement de 400 personnes de Khomeinchahr a d’ailleurs donné l’exemple cette année, à voir si l’année prochaine plus de sang coulera vers les hôpitaux.

Mon ami sunnite me posait d’ailleurs une question intéressante, il voulait savoir ce que j’avais pensé du speech du président iranien aux USA et notamment à l’université de Columbia. Je lui répondais qu’il y avait des choses très intéressantes dans ce discours, notamment la comparaison entre la disparition du régime sud-africain de l’apartheid et celui du régime israélien contemporain ; mais que malheureusement les médias en Europe avaient focalisé leur attention sur une phrase « malheureuse » concernant l’homosexualité en Iran. Mon ami n’en avait pas du tout entendu parler, mais il ne voyait pas où était le problème…En affirmant qu’il n’y a pas d’homosexuels en Iran, Ahmadinejad avait quand-même dit la vérité (rast goft) ? Pourquoi les Occidentaux pensent-ils qu’il y a des homosexuels en Iran ? Des rapports sexuels hors mariage, ça existe, bien sûr, même si c’est anti-islamique, mais entre deux hommes ? Jamais. La discussion me rappelait des échanges identiques avec un ami camerounais. Je n’ai pas trop su quoi répondre quand il me demandait si moi j’en avais vu en Iran, ni quand il m’a demandé pourquoi nos médias parlaient uniquement de cela…y a-t-il peut-être de la censure dans les médias occidentaux ? J’ai voulu m’en sortir avec « c’est des choix rédactionnels, on ne peut pas tout dire dans un JT de 30minutes », mais ma réponse ne me convainquait pas plus qu’elle ne persuadait mon interlocuteur. On s’est finalement mis d’accord sur le fait que la fabrication d’une image négative de l’Iran (pour des raisons de politique internationale) et le besoin de nouvelles sensationnelles jouent un rôle important dans ces « choix ». La question des « choix rédactionnels » mérite effectivement d’être posée, je vous passe une vidéo que j’ai reçu d’une amie sur les approches différentes. Rien à voir avec l’Iran mais éclairante… http://www.dailymotion.com/video/x3khwj_liberte-dexpression-ditesvous_politics

Ah d’ailleurs j’ai entendu que John McCain a gagné une autre pré-élection et pourrait bien devenir le candidat républicain pour la présidence américain. C’est inquiétant. Tapez sur Youtube « McCain Bomb Iran » et vous verrez ce brave vieillard chanter « Bomb Iran » sur une chanson des Beach Boys (Barbara Ann)… Allez à vos claviers ;-)

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