Ah j’ai dû attendre presque mon dernier jour ici pour le voir, mais là... d’un point de vu personnel il s’agit de l’énième vérification de la loi de Murphy, le principe que si qque chose peut mal tourner, celle-ci finira nécessairement par mal tourner. Murphy affirme aussi que s'il existe différentes voies et une voie mène à la catastrophe, quelqu'un quelque part empruntera nécessairement cette voie... Deux exemples : si vous avez le choix entre deux ou trois files au supermarché, vous choisirez certainement la plus lente. Ou encore : le temps étant variable, vous hésitez entre prendre votre parapluie ou non. Ne vous inquiétez pas dis Murphy, si vous le prenez, il ne pleuvra pas, si vous ne le prenez pas par contre…
D’une manière très similaire…l’autre jour j’allais au bazar, pour la première fois peut-être depuis que je suis ici je voulais acheter quelques souvenirs, ben oui avant le retour…. Obligé. Vous n’y croirez pas mais le bazar était fermé ! En grève !!! C’est la première fois depuis que je suis ici que cela se passe… en grève !!! Mardi, fermé. Mercredi, fermé, etc… Or
Or, au-delà de l’emmerdement personnel (ah vous la connaissez la loi de l’emmerdement maximal ?), c’est aussi une expérience extrêmement intéressante. Le bazar iranien a fait l’histoire de ce pays et de le révolution. Pendant des siècles il a été le centre commercial et distributif du pays. Aujourd’hui encore, le bazar de Téhéran fixe les prix de toute une série de commodités. Lors des grands moments de l’histoire iranienne le bazar s’est mis en grève, comme d’ailleurs lors la révolution. Vous vous imaginez donc qu’une grève du bazar est un truc sérieux. Grâce à leur poids économique, l’action des bazaris a souvent été déterminante pour le sort de la nation.
Bien que la grève ait commencé dans une partie du bazar des bijoux à Isfahan samedi, depuis mardi elle s’est étendue à tout le bazar (un complexe énorme). Plus encore : dans des villes comme Mahshad et Tabriz les commerçants ont maintenant suivi l’exemple d’Isfahan.
La raison du mécontentement ? Ahmadinejad a voulu augmenter les impôts, ou du moins changer le système et l’organisation de la taxation du bazar. En résumé il s’agit d’une forme de TVA de 3%. Les commerçants affirment que si elle est appliquée la TVA serait en réalité de 30%. Le nouveau système semble cependant non seulement plus uniforme, mais aussi plus contrôlable. « Njet » dit donc le bazar. Et vous comprenez tout de suite jusqu’à quel point il est difficile de réformer quoi que ce soit ici (un peu comme en France me dira mon ami ump ;-)).
L’appel des mosquées à reprendre le travail, tout comme l’incitation de l’organisation islamique du bazar dans le même sens, montrent que c’est le conflit social que la république islamique craint plus que tout… Mais comme bien d’autres fois dans l’histoire le bazar s’en contrefout…
En effet, même si immédiatement après la révolution l’on voit émerger une alliance entre le nouveau régime et le bazar, le bazar n’a pas toujours été un allié fidèle du clergé. Par exemple lors de l’arrestation de Khomeini au milieu des années ’60, seulement une partie des bazaris se mettaient en grève. Lors de la révolte en juin 1975 où plus d’un millier d’étudiants religieux occupent la plus importante école cléricale à Qom (12 ans après l’arrestation de Khomeini) et le massacre qui en suivit (tout comme la fermeture de l’école), le bazar ne réagit pas. Et les exigences des bazaris à partir de 1977 jusqu’à la révolution étaient économiques (liberté économiques) et non religieuses… Aujourd’hui encore, le bazar démontre de posséder une dynamique propre et des intérêts particuliers.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire