dimanche 3 février 2008

Débats presque économiques...

Avant mon départ j’écrivais que l'opinion publique iranienne n’existe probablement pas... Chez nous en Belgique on accepte que différentes personnes aient des opinions différentes, mais quand on regarde un autre pays on a tendance à penser que tous ses citoyens pensent de la même manière et pourtant...

Un taximan racontait à un de mes collègues hier toutes les bonnes choses qu’Ahmadinejad avait selon lui fait pour l’Iran. Grosso modo le taximan parlait d’une redistribution des richesses. Son discours semblait assez social et de gauche. De quelqu’un d’autre j’entendais qu’Ahmadinejad avait entre autres limité les plages privées des riches et essayé d’obliger certaines entreprises à partager leurs profits avec leurs employés (saham-e edalat). Une bonne amie me disait cependant que ces mesures étaient largement symboliques et que la hausse du taux d’inflation due à la politique économique du président inquiétait les grandes masses de la population. Des opinions différentes et argumentées.

Les débats ici sont souvent en premier lieu d’ordre économique. Même si les privatisations ne se sont pas arrêtées, la politique économique d’Ahmadinejad a essayé de rompre partiellement avec l’héritage du président Rafsandjani (89-97). Ce dernier voulait faire évoluer l’Iran vers un modèle économique capitaliste plus classique. Cependant, si les riches s’enrichissaient beaucoup, la situation des très pauvres ne s’améliorait guère. Du coup en 1995 Rafsandjani a dû réintroduire les subventions étatiques pour les produits de base. Encore aujourd’hui les Iraniens ont droit mensuellement à une certaine quantité de produits essentiels (comme le lait) à très bas prix et ce grâce aux subventions étatiques.

Nonobstant les conséquences négatives de certaines mesures gouvernementales, une partie des Iraniens considère que la politique gouvernementale avait au moins des bonnes intentions. Notez que ces mesures sociales au niveau économique ont été accompagnées par un renforcement des contrôles sur la morale islamique (« Mademoiselle, rappelez-vous des règles vestimentaires de la République islamique »). L’idée de base est sans doute de faire coïncider la morale islamique avec des mesures socio-économiques populaires et faire penser que l’Islam se trouve à la base de ces mesures sociales. En simplifiant, on pourrait dire que le gouvernement veut arriver à l’analogie : « plus de tchadors = plus de bien-être! » :-)))

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