samedi 28 juin 2008

Impossible...

Le New York Times et des officiels de l'administration américaine on révélé que l'aviation israélienne avait, au début du mois de juin, effectué des manœuvres militaires aériennes impliquant plus de cent avions de combat et de ravitaillement. Il s’agissait de vols de plus de 1.500 kilomètres. Une précision qui montre la cible, puisque les sites nucléaires iraniens se trouvent à... 1500km.

Pourtant les Iraniens ne se sont pas inquiétés plus que ça… Le gouvernement a déclaré qu’une attaque israélienne était impossible et qu’il ne s’agissait que d’une guerre psychologique menée par Tel Aviv en accord avec Washington. L’idée ne serait pas tellement d’attaquer l’Iran mais de le menacer (par des « fuites » d’info) pour qu’il accepte les dictats occidentaux. Il est vrai que si Israël avait vraiment l’intention d’attaquer, on comprend mal pq ils en parlent autant. Avant l’attaque contre la Syrie en septembre un silence absolu régnait…

La population iranienne de son côté, enfin ceux avec qui je papote quotidiennement, n’y croient tout simplement pas. Les plus téméraires prétendent que si l’Iran a "défoncé" la France, Les Etats-Unis, l’URSS, l’Angleterre et l’Allemagne alliés de l’Irak dans la guerre Irak-Iran en 1980-88…ils n’auront pas de pbs à s’offrir la tète des Israéliens… D’autant plus qu’à l’époque l’Iran était un pays en ébullition révolutionnaire tandis que mnt le pays possède une armée bien organisée.

Soit en attendant le match Israël-Iran, j’ai regardé les demi-finales de l’Euro… pas mal… me suis moins ennuyé que pendant Espagne-Italie…sans doute summum de l’ennui de ce championnat… Demain la finale…et puis des longues semaines sans foot… :-(

jeudi 26 juin 2008

Le système d’éducation supérieure

Avant la révolution islamique l’Iran vivait sous un régime royaliste et dictatorial soutenu par les USA et ami d’Israël. Nombreux sont ceux qui louent ajd la politique de modernisation du chah en Iran. Il est vrai que le père du chah qui s’est fait dégommer par la révolution islamique avait fait certaines choses pour son pays. Sur les intentions de son fils (au pouvoir de 1941 jusque 1979) on peut discuter, mais pour ceux qui prétendent que tout allait mieux à l’époque (ou « moins pire ») qques chiffres sur l’éducation supérieure peuvent être éclairants :

En 1976, sous le chah, 59% des garçons savaient lire et écrire. Après 17 ans de République islamique ce chiffre était de 81% ! Pour les filles le progrès était encore plus frappant : de 35% en 1976 à 74,5% en 1996. Un autre chiffre sur l’éducation : en 1986 l’Iran comptait 167.971 étudiants universitaires. En 2001 ce chiffre était de 1.500.000 !

Un peu comme dans le système sanitaire, l’Iran connaît un dédoublement du système éducatif supérieur. Une partie, étatique et publique, est financièrement d’un accès assez facile. Abordable disons. Le grand problème se trouve au niveau de l’examen d’entrée, le dit « concours ». Ce concours, organisé une fois par an pour l’entrée en BA ou MA (ou PhD), est très difficile. On doit faire une liste de trois (je crois) matières qu’on aimerait étudier. Par exemple : première préférence maths, deuxième chimie, troisième physique ou droit, littérature et biologie. On n’est jamais sûr de passer tout court, ni d’être accepté pour la matière ou faculté qu’on aimerait, ni d’être accepté par l’université de son choix. De l’autre côté si je ne réussis pas cette année je peux tjs réessayer l’année prochaine…
A remarquer aussi que certains groupes de la société ont un accès privilégié aux universités. Ainsi les basiji (section de l’armée des gardiens de la révolution qui recrute surtout dans les quartiers pauvres) ou les enfants qui ont perdu leurs parents dans la guerre semblent avoir un accès plus facile.

La partie privée de l’éducation supérieure, « les universités libres », a été une invention de Rafsanjani. Contrairement à ce qu’on pourrait penser elles ne sont pas de meilleure qualité que les universités publiques, bien au contraire. Par contre, si elles sont de qualité inférieure, la sélection par un concours difficile y est replacé par… le minerval (frais d’inscription bien plus élevés). Payer plus pour moins de qualité…c’est un peu paradoxal, mais cela permet parfois de préparer le concours ou d’étudier la matière que l’on a pas pu dans une université étatique…

Et voilà votre première initiation au système éducatif iranien… :-)

lundi 23 juin 2008

Le cours des filles

Et voilà pour les impatients…mon premier cours de conversation anglaise aux hôtesses... La classe se remplit graduellement de huit, neuf filles… Toutes ont environ 24-25 ans, quelques-unes me précisent qu’elles ne sont pas mariées… Une femme « d’environ 46 ans » rejoint le cours aussi… Elle vient de s’inscrire, elle avait étudié l’anglais à l’université elle me dit et elle veut reprendre un peu… Maintenant que ses enfants ont quitté la maison, elle a plus de temps pour elle-même…

La majorité des filles sont habillées de manière assez normale (voile officiel ou manteau simple)… Quelques-unes portent un pseudo-foulard ou se sont maquillées pour l’occasion (venir dans un environnement international et de compagnie aérienne te fait tjs sortir un peu de la vie quotidienne), d’autres encore viennent directement du boulot et n’ont pas eu le temps de se changer… Une fille attire tout de suite mon attention, blonde (fausse, mais je ne fais pas dans le détail) elle ne porte qu’un tit bout de tissu sur sa tète qu’elle fait régulièrement tomber pendant le cours. Je suppose que son manteau n’est pas très régulier non plus. Mais plus que son apparence c’est ses mots qui me frappent : « Excusez-moi, vous êtes né en Iran ou en Europe ? » . Ma réponse la soulage, mais pour être sûre elle me demande si l’on peut parler franchement dans mon cours…

Contrairement à ce qui était le cas chez les garçons je ne dois point lancer ou encourager la discussion. Elles parlent et discutent toutes immédiatement ce qui différencie l’Europe de l’Iran… Vous avez la liberté me dit quelqu’un…Une autre riposte « Ben nous aussi, je vais où je vais quand je veux etc… » « Ah oui et quand tu fais des fêtes tu n’a jamais peur de la police ? » « Si mais on s’y fait, je m’adapte, en Europe t’as des règles aussi ». « Notre problème c’est que l’on se trouve entre la tradition et la modernité, on s’opère le nez mais on a du mal à avoir des relations normales avec les garçons » Une demoiselle affirme : « Tu sais, le mieux de l’Europe c’est que les gens mentent moins, nous on ment tout le temps, mon père est avocat et il a demandé à son client anglais de mentir un peu au tribunal, juste un peu, et le client a refusé ! Aucun Iranien n’aurait refusé ! » Une quatrième, pourtant d’apparence occidentale, y ajoute : « de toute façon moi en Europe je ne pourrais pas y vivre… les gens sont trop froids là-bas, j’ai besoin de gens qui m’aiment et à qui je manque quand je ne suis pas là… » « Oui dit, une autre, on est bcp plus émotionnels que les Européens, mais en même temps on est plus paresseux aussi » Elles m’affirment en même temps qu’un des problèmes de l’Iran est la paresse des gens, mais qu’elles ne veulent pas aller bosser en Europe pcq on serait tous des fous du boulot… Personne ne remarque qu’il y a peut-être une différence entre cette image caricaturale de l’Allemand typique et la réalité… Puis le socio-économique n’est point un sujet ici, peut-être à cause d’une certaine homogénéité sociale ? La seule remarque économique concerne l’absence de méritocratie en Iran… Elles se plaignent que la fidélité à l’idéologie ou l’amitié avec le chef semblent plus importantes que les qualités professionnelles… Ce qui me frappe c’est le manque de véritables grands désaccords… même la femme plus âgée semble partager les inquiétudes des plus jeunes…

A la fin du cours la demoiselle blonde, dont le nom m’était échappé qques fois lors du cours, me demande subtilement d’ « expliquer » un passage de Shakespeare…
"What's in a name? That which we call a rose
By any other name would smell as sweet."
Pas con le cher William.

vendredi 20 juin 2008

Le Cours des Garçons

Mon premier cours d’anglais de ce “Term” était avec une classe de garçons. Vous savez en Iran dans la majorité, voire tous les instituts, les garçon et les filles s’alternent. Un jour les filles, le lendemain les garçons et ainsi de suite. Je donne cours aux deux groupes… mais d’abord donc les garçons. Plus ou moins tous entre 20 et 25 ans, ils apprennent l’anglais pour des raisons différentes… Si leur anglais n’est pas encore à point, leur esprit de contradiction l’est bien… Qqu’un veut savoir de quelle méthode je me servirai, un autre si cela serait possible d’apprendre l’anglais avec un accent « mid-atlantic » (il ne sait pas plus que moi ce que c’est exactement,mais ça fait cool comme question, genre le gars qui s’y connaît), un troisième veut m’impressionner avec les quelques mots de français qu’il a appris (il est déçu quand je lui réponds que c’est plus ou moins ma langue maternelle) .

Mais lançons donc le débat, à défaut de photocopies (elles arriveront la sem. proch.) et en guise de réponse aux questions qu’ils me lancent, je commence une discussion libre sur l’Europe et l’Iran et leurs perceptions des différences et similitudes. Les préjugés fusent. C’est assez intéressant. Ainsi nous les Européens on serait logiques et rationnels, tandis que les Iraniens seraient incapables de contrôler leurs émotions et surtout des les dissimuler. Mais on serait insensibles aussi. « Oui, on est pas capable de mener une vie comme vous » ajoute un autre. « Nous quand on voit un accident sur la route on s’arrête tous pour essayer de l’aider, vous par contre vous continuer votre chemin en appelant l’ambulance ». « Au moins chez eux l’ambulance arrive. » dit un gars du sud de l’Iran. Il se fait corriger tout de suite, et je dois avouer que les services d’urgences iraniens ne doivent pas être les pires de la région, même si probablement pas à la hauteur européenne.

« Vous savez, » un garçon bien habillé et avec coiffure classique me lance, « nous on est pas habitué à l‘ordre, pour cette raison aussi c’est bien qu’on ait une religion forte. Parce que des lois on en a pas. » Comment vous n’en avez pas ? « Ben on en a, mais si y a pas un policier pour les faire respecter, personne ne les observe, tandis qu’avec dieu c’est bien, on peut croire qu’il nous observe toujours. » « Dommage quand-même, ajoute un jeune un peu plus timide que les autres, qu’on doit utiliser la religion pour cela… »

Je provoque avec la question si la Rule of Law, très répandu dans le monde développé, est si impossible que cela en Iran ? On se consulte… D’un côté la rule of law est qque chose à laquelle on aspire fortement, comme d’ailleurs à la méritocratie (mot difficile apparemment sans équivalent exact en persan)… De l’autre la majorité soutient qu’ajd il n’y a pas d’alternative à la religion officielle pour maintenir la cohésion sociale et le respect d’autrui, surtout pour les classes inférieures de la société… Il faut donc attendre… quoi ? On l’ignore…moi aussi d’ailleurs :-)

mardi 17 juin 2008

Et maintenant?

Par la voix de Mofaz, assistant d’Olmert, les Israéliens ont été très clairs cette semaine. Pour eux le temps de la diplomatie est fini. Mofaz et Olmert ont demandé le soutien de Washington pour une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Même s’il n’y a toujours pas la MOINDRE preuve d’un programme nucléaire à des fins militaires de la part des Iraniens.

Différents porte-paroles de la Maison Blanche ont refusé de donner ce soutien explicite. Dana Perino a souligné que pour les USA toutes les options diplomatiques ne sont pas encore épuisées. La ministre des affaires étrangères américaine Rice a elle aussi mis l’accent sur l’approche diplomatique. Les USA essaieront de convaincre le Conseil de Sécurité de l’ONU de proclamer des sanctions encore plus fortes, voire étouffantes contre l’Iran.

Cependant, l’aval des USA n’est pas indispensable au régime israélien. Le 6 septembre Israël a déjà effectué une attaque similaire. Cette fois-là une installation syrienne a été l’objectif. La Syrie n’a pas pu réagir de manière efficace, surtout parce qu’elle sait que Israël est toujours couvert par la puissance américaine… Puis qui a oublié l’attaque unilatérale israélienne contre la centrale nucléaire irakienne d’Osirak en 1981… ?

Der Spiegel écrit : « Nevertheless, in Israel it is no longer a matter of whether there will be a military strike, but when. It is clear that the attack would be exclusively an aerial strike. Jerusalem recently received approval from Washington for a purchase of F-22 stealth bombers. The centrifuges used to enrich uranium at the Natanz nuclear facility are apparently the main target. According to Israeli information, the centrifuges are kept above ground and are thus easier to destroy. The reactor in Bushehr is seen as another possible target. » Si l’on s’en prend à Natanz, pensez un peu à votre serviteur aussi, j’habite pratiquement à côté…

Et puis à penser que l’UE a décidé d’intensifier les liens avec cet état pacifique qu’est Israël

lundi 16 juin 2008

Series: Your Iran, My Iran: le garçon du resto

Qu’en dire… Un gars de mon âge plus ou moins. Il travaille dans un hôtel-restaurant où Le premier soir Isfahan… j’arrive tard, je n’avais pas encore mangé et le resto était fermé… on se met dans une pièce arrière du resto et on se nourrit avec un peu de pain et de yaourt… Peut-être pas le meilleur repas du monde, mais ça fait l’affaire je vous assure, surtout quand on y ajoute une tomate paumée… pour assaisonner le tout…

Il me pose des questions sur mon séjour en Europe. C’était comment là-bas ? Pas mal… j’avoue que retourner aussi rapidement en Iran n’était peut-être pas dans mes intentions, mais on n’a pas toujours le choix. Il veut bien voir l’Europe il me dit, même si la vie pour un Iranien doit être dure là-bas… Je lui demande pourquoi… Ben me dit-il, moi p.ex. j’ai des « pensées assez fermées ». Tu sais je viens d’un tit village pas trop loin d’Isfahan, p.ex. je n’ai jamais vu une femme sans tchador jusqu’au moment où je suis venu travailler ici. Et là-bas (en Europe) les filles semblent nues non ? Je suis partisan du voile pour les femmes, mais l’important est de savoir qu’il n’y a pas que le tchador dans la vie. Tu vois, si mes pensées se sont ouvertes un peu (je traduis l’expression persane), dans mon village c’est autre chose… Les gens sont fermés, p.ex. ils ne voient que rarement des étrangers ou des filles des villes…mais, tu sais, ils vivent très bien ainsi.

Tu ne peux pas comprendre, me dit-il, il faut voir pour comprendre…même pour moi cette réalité semble bizarre mnt après ces quelques années passées ici. Tu n’as pas d’idée de ô combien tout est différent là-bas. Tu sais mnt que je suis ici j’aime parler avec tous, je prends des cours d’allemand et tout…Là-bas on est entre nous… Les règles du gouvernement ne nous dérangent pas…on ne se pose même pas la question… Tout le monde vit ensemble et tout le monde se connait… Ici par contre… tout change…

Je me rends compte qu’il veut me parler de la pression sociale. Je me rappelle un film iranien que j’ai revu récemment « Les invitées de maman », où l’on montre une maison du sud de Tèhéran dans laquelle maintes familles cohabitent… Inutile de dire que mes affaires sont les tiennes, les tiennes les siennes, etc… Depuis pas mal de temps les familles et surtout les jeunes des villes ne supportent plus cette situation et chacun aspire à sa propre maison et son indépendance. Mais dans les petits villages peu a changé…

Pourtant mon ami ne défend point le président actuel. Un travailleur qui passe lance: « Encore un an et puis Khatami revient et tout se résoudra ». J’ignore s’il le dit….avec le plein d’espoir, de sarcasme, d’ironie ou…de sincérité ? Leurs différends avec le gouvernement actuel n’ont rien à faire avec la morale revigorée mais tout avec la situation économique dont plus ou moins tout le monde se plaint…Le pouvoir d’achat est un problème ici comme en Europe… un rapport avec un système économique similaire ? Ou y a-t-il d’autres causes ? Mon ami s’en fout éperdument de ces discours… il se demande juste comment il fera pour mettre de côté deux trois sous…

vendredi 13 juin 2008

Ahmadinejad.... en 3 langues

Petite interruption de la série (vous aurez droit au troisième entretien d'ici peu) pour vous montrer une interview d'Ahmadinejad... dans le cadre du sommet FAO à Rome.

jeudi 12 juin 2008

Series: Your Iran, My Iran: Le couple d'employés

Cette fois-ci je parle à un couple d’employés. Je ne les connais pas vraiment, mais comme souvent ils sont très contents de parler de leurs expériences. Mariés environ depuis le début de la révolution, ils disent avoir participé activement à celle-ci, mais, me précise l’homme, pas du côté de ceux qui gouvernent aujourd’hui. Il ne me dit cependant pas de quel côté ils étaient, difficile de le deviner puisque le nombre de mouvement ou de groupes participant à celle-ci étaient presque infinis. Par politesse persane, j’oublie de demander.

La femme me dit que cette année pour la première fois elle n’a pas été voter, l’exclusion de bcp de candidats l’avait déçue. Son mari par contre a voté pour un groupe qui prétend être religieux et nationaliste à la fois. Il me confie cependant que le plus important se trouve dans l’aspect nationaliste. Ils se disent religieux, pcq bon dans un république dite islamique on n’a pas trop le choix. La même chose vaut pour pas mal de choses ici, souvent on dit « islamiques » des associations sportives ou je-ne-sais-quoi, dont on voit peu ou pas du tout le caractère religieux.

Enfin bon peu importe… je n’entendrai pas une seule parole positive sur le régime du chah de la part de ce couple. Bien qu’ils aient visité à plusieurs reprises l’Europe, ils n’ont pas non plus un avis positif sur la politique occidentale envers l’Iran. « Regarde un peu les conséquences des pressions américaines, la droite n’a jamais été aussi forte ici ». Depuis des années l’Iran campe pour lui sur un équilibre combinant la droite et la gauche. Je m’étonne du fait qu’il n’utilise pas les termes conservateurs et modérés ou réformateurs. Ce n’est pas que ces termes ne sont pas utilisés en Iran, loin de là, mais le couple analyse la politique iranienne un peu comme nous on voit la nôtre.

Quand je lui parle de mon homme d’affaires et de sa thèse sur la « collaboration » massive des Iraniens lors d’une invasion américaine… Il sourit et me demande un exemple historique d’une telle attitude. Même en Afghanistan, où ils avaient un gouvernement bien pire que le nôtre, les gens se battent contre les US, me dit-il.

Et si l’on parlait société plutôt que politique ? Ben me répond-il, les choses pourraient aller mieux, mais on ne peut pas non plus dire que rien ne bouge, surtout au niveau de l’infrastructure des efforts sont faits. Par contre l’entretien de l’infrastructure pose problème. Ainsi j’entends qu’un tiers de l’eau à Téhéran est perdue à cause d’un système de transport (tubes) en état déplorable. Le même problème risque de se poser avec les stations de métro, la façon dont elles sont construites ne présage rien de bon…

Alors un changement de gouvernement ? Ben c’est pas tout de la faute du gouvernement non plus me dit-il…Y a aussi notre culture qui joue… puis comment peut-on espérer un changement profond quand beaucoup de gens croient profondément à ce système ?

mardi 10 juin 2008

Series: Your Iran, My Iran: L'entrepreneur téhéranais

Alors commençons par l’homme de Téhéran, rencontré récemment. Un homme comme un autre, propriétaire d’une moyenne entreprise et d’une belle maison annexe voiture « class ». Homme qui a connu tant l’époque du chah que l’époque actuelle. On ne peut pas vraiment dire qu’il a été déçu par la révolution, puisque il n’a jamais eu de grandes attentes de celle-ci. Il s’y opposait dès le début.

Grand admirateur du premier chah Pahlavi (le père de celui qu’on a dégommé en 1979), il admettait tout de même que l’Iran n’avait jamais connu de démocratie, et certainement pas sous le régime des chahs. Cependant, ceci n’était à son avis pas forcément une mauvaise chose. Ce qui était dommage c’est que le chah n’avait pas de projet… sinon il aurait pu continuer sur sa voie…

Mais passons donc à l’Iran d’aujourd’hui. Un désastre à son avis. Rien ne va… il y a plein de problèmes. Avant il y avait la liberté, on pouvait s’habiller en minijupe ou en chador comme on le désirait (l’homme oubliait que le chah avait à une certaine époque interdit même le simple foulard !). Il regrettait que cette cohésion de l’époque (vu l’explosion révolutionnaire, cette cohésion n’était à mon avis qu’apparente mais bon) avait été remplacée par une société où l’accent est mis sur les divisions religieuses. Le peuple ne le voulait pas, me disait-il, c’est ce régime qui l’impose. En plus selon lui le régime est aussi responsable du fossé grandissant entre riches et pauvres (il oublie que ce fossé a été une des causes de la rév et que donc le régime du chah n’a absolument pas fait mieux en matière)

D’ailleurs pour cette raison il est convaincu qu’en cas d’une attaque américaine contre l’Iran, les forces armées iraniennes ne résisteront pas et se rendront tout de suite. Pourquoi ? Deux raisons principalement. Tout d’abord pcq selon lui tout le monde déteste le gouvernement en place et se tournera donc contre en célébrant l’arrivée des US. D’ailleurs les US ne viendront pas occuper l’Iran, mais juste libérer le pays, il s’agit toujours de son avis, vous l’aurez compris. Deuxième raison serait le caractère « mercenaire » des forces armées iraniennes, qui ne se battraient que pour des sous et non, comme la glorieuse armée américaine, pour la gloire de la patrie. Or, au-delà du fait que les US ne trouvent des soldats que dans les quartiers pauvres des villes auprès de ceux qui ne trouvent d’autre travail ou qui ne savent pas comment payer leur éducation différemment ; il y a quand-même l’exemple de la guerre Irak-Iran ou des centaines de milliers d’Iraniens se tuaient volontairement pour défendre la patrie et la religion (aucun bénef après la mort, enfin sauf le paradis pour ceux qui y croient). En plus 95% des Iraniens avec qui je parle, indépendamment de leurs affinités politiques, me jurent qu’ils sont prêts à défendre leur pays.

Voilà vous aurez compris que les propos de cet homme ne sont pas sans liens avec sa position et surtout son habitat. Ce n’est pas étonnant, Lénine affirmait déjà que celui qui ne vivait pas comme il pensait, finirait rapidement par penser comme il vit. Ce qui est étonnant c’est son refus d’accepter que sa vision de la société iranienne aujourd’hui est clairement minoritaire et que la majorité des Iraniens pensent exactement le contraire. Sur tous les arguments la majorité de ceux avec qui je parle me disent exactement le contraire…certes ceux-là n’habitent pas les mêmes quartiers du monsieur dont je parle, ni jouissent-ils de sa position économique favorisée, mais ils forment un groupe bien plus grand dans l’Iran contemporain… Dans mon prochain post je me tournerai donc vers un autre groupe social…

dimanche 8 juin 2008

Petite Préoccupation...

Avant tout... tellement de gens m'ont demandé une adresse email personnelle... que je vous contente mnt... si vous voulez me poser des questions ou prendre contact avec moi sans publier ici, envoyez un tit mail à unbelgeaupaysdesiraniens@gmail.com
Bon vu que mon problème de l'Euro 2008 a été résolu... Avant de vous transcrire mes entretiens, j'adresse une deuxième question qui pourrait m'emmerder lors de mon séjour ici..

Les US sont en train de négocier un accord sur la présence future des troupes US en Irak, chose qui inquiète pas mal l'Iran, même si le Premier ministre irakien al-Maliki, en visite à Téhéran, a assuré les Iraniens que l'Irak ne servirait pas de base pour une attaque en Iran.

En même temps Olmert, premier ministre israélien, a honoré la réputation pacifique de son pays en demandant à Bush de bombarder l'Iran... Bush a répondu à cette demande israélienne (apparemment normale, douce et justifiée, puisque non-condamnée par la communauté internationale...) en disant à un journaliste italien qu'une "attaque contre l'Iran reste bien possible"...

Or... vous m'expliquez pourquoi personne n'a condamné ces déclarations ? Si Ahmadinejad dit que le régime israélien devrait disparaitre... le monde occidental s'indigne... mais quand l'alliance américano-israélienne menace un membre reconnu de l'ONU de guerre... silence... bizarre non?

samedi 7 juin 2008

Et voilà ;-)

Me revoilà à nouveau à Isfahan..

Rien n’a changé, sauf peut-être le temps…une chaleur qui pèse et à penser que l’été n’est même pas encore arrivé :-( Je dois avouer que je n’ai pas énormément envie d’écrire…mais mon sens des responsabilités m’y oblige… sinon pourquoi vous avoir incité à lire mon blog plus régulièrement ?

Après deux jours à Téhéran, partagés entre le haut nord et le centre-ouest de la ville, j’a donc pris le bus en direction d’Isfahan. Le bus pcq impossible de trouver un avion 8ou du moins un billet pour…) Cette semaine a été une semaine de « fête » pour les Iraniens. Enfin plus que fête faudrait parler de « commémorations » pcq dans la même semaine ils commémorent la mort de Khomeini (je suppose que vous savez qui c’est) et le martyre d’une certaine Fatemeh… Or y en deux faudrait que je vérifie laquelle c’était mais pour l’instant vous me pardonnerez cette lacune… Les chiites ont un peu la même habitude que les Juifs : une grosse partie de leurs fêtes sont inspirées par et dédiées à la lamentation et la tristesse

Je devrais vous parler des discussions que j’ai eues ces derniers jours. Un homme dans le nord, une famille du centre de Téhéran et un jeune réceptionniste ici à Isfahan. C’est surtout marrant de voir jusqu’à quel point leurs perceptions de la réalité diffèrent… JE vous transcrirai mes entretiens un des ces 4…promis…

Ah puis une de mes préoccupations majeures ces jours-ci est : comment suivre l’Euro 2008 :-) J’ai un certain espoir que l’on montre certains matchs à la télé ici, mais bon… ça reste de la prière espérons…

mardi 3 juin 2008

Note personnelle...

Pour la tite note personnelle… c’est fait…demain soir je devrais, si tout va bien, rejoindre Chris de Burgh ou au moins partir pour Téhéran… Je ne sais pas si j’arriverai à partir (pcq j’ai qques soucis avec le passeport et le billet), mais espérons d’arriver jeudi matin à l’aéroport tout nouveau de Téhéran (nom : Imam Khomeini, ça vous auriez jamais deviné hein ;-)).

Si tout va bien vous recevrez donc de nouveau des nouvelles en direct de l’Iran… des impressions, des commentaires,… Mais si donc j’arrive à partir, ne me demandez pas pour combien de temps j’y vais… J’ai un visa étudiant ce qui a certains avantages (ainsi il est facile de le prolonger), mais aussi certains désavantages (ainsi j’aurai besoin du cachet de l’université pour quitter le pays, chose qui vu la bureaucratie locale peut être embêtante)…

Ce sera bien de retrouver mon environnement familier là-bas… même si cette fois-ci le travail s’annonce assez dur, surtout vu les températures élevées auxquelles je devrai faire face… L’été en Iran… faut pas avoir peur de la pluie hein :-)
Allez… je vous incite donc à reprendre un peu plu régulièrement vos lectures de ce blog à partir de dimanche… et puis comme j’ai déjà dit : Venez me rendre visite ;-)